Aloha!

Moldu Messages : 77 Gallions : 25692 Date d'inscription : 25/04/2010

Un autre jour au paradis. C’est vrai que quand on y est né et on y a vécu toute la vie, on ne fait plus trop attention au fait de vivre dans un endroit magnifique. N’empêche que tous les jours, en se réveillant, Nick remerciait le ciel de la chance qu’il avait. Surtout quand, en tirant les rideaux de sa chambre, il découvrait le panorama incroyable de l’océan s’étendant jusqu’à l’horizon .

Une tasse de café. Rituel qui s’imposait juste après la douche. Nécessaire pour revenir à la réalité et commencer à s’occuper d’affaires plus sérieuses que contempler la nature.

Keala Johnson tenait la maison McKenna depuis plus de trente ans. Elle était entrée à leur service peu après la mariage de Master Philip avec la belle Elizabeth Sommers. Un couple dont le mariage célébré en tout faste et pompe, sous les meilleurs augures , promettait bonheur éternel mais qui avait mal tourné depuis le début. Keala, comme tout le monde, avait crû que la naissance, enfin, d’un beau petit garçon arrangerait les choses. Il n’en fut rien. Le même jour où sa légitime accouchait de leur enfant, sa maîtresse faisait de même. Résultat, deux fils. Éternelle discorde. Pas de divorce, la situation les accommodant tous. Maître despotique et mari inconstant, Philip McKenna n’était ni aimé ni admiré mais si craint. Riche et puissant, il avait mené son monde sous une houlette tyrannique et à sa mort, personne ne le regretta. Même pas ses enfants, qui eux, divine justice, s’étaient rencontrés encore enfants et avaient, douce innocence, décidé qu’ils étaient vraiment frères…jumeaux par surcroît, même si de mères différentes.

La mère de Nick, la douce Iolani et celle de Jack, la très racée Elizabeth, étaient, contre toute prévision, devenues grandes amies et se réjouissaient de la parfaite entente de leurs rejetons. A al mort de « leur mari », elles avaient décidé de jouir de la bonne fortune et depuis voyageait par le monde, alors que les deux garçons, s’occupaient des florissantes affaires familiales et habitaient dans la grande demeure au bord de la mer…

Les évocations de Keala furent interrompues par l’apparition de Nick vêtu uniquement de ses boxers réclamant sa tasse de café matinal. Elle le toisa en fronçant les sourcils, mains à ses plantureuses hanches.

Vous n’avez pas de manières, Mr. Nick…aucun monsieur bien né ne se présente à moitié nu à la cuisine de chez lui !

Je ne suis pas un monsieur bien né…suis né, tout juste...allez, pas de chichis, j’ai besoin de mon café...et Jack…il ronfle toujours ?

Sûrement, pauvre petit…encore une de ses mauvaises nuits…

Cela signifiait que le « petit » en question avait encore fait un de ses cauchemars.

Encore les crocodiles ?

Keala soupira.

C’est son unique cauchemar…si je ne le connaissais pas de toute la vie je jurerais qu’une de ces bestioles lui a fait très peur en étant petit…mais il n’en est rien.

Nick se gratta la tête. Cette histoire de cauchemars commençait à devenir préoccupante. Depuis un certain temps, cela revenait de plus en plus souvent.

Keala se faisait aussi de la bile, tant et si bien, qu’en oubliant la tenue du jeune homme, elle lui servit son café et s’activa avec le reste du petit déjeuner.

Vous croyez qu’on doit le faire voir par un de ces docteurs pour dingues ?

Nick lui jeta un coup d’œil circonspect.

Je ne pense pas qu’il soit fou…tout le monde peut avoir des cauchemars sans l’être…enfin…je crois…mais dingue ou pas, faut qu’il se lève, on a une réunion ce matin…Ah, le voilà !

L’air encore passablement endormi son frère venait de faire son entrée…une serviette de bain roulée autour des reins en guise de vêtement. Keala soupira mais ne fit aucun commentaire.

Ouais…ce qu’on gagne en étant blond… Alors, ça va ?

L’autre grommela n’importe quoi, la mine boudeuse et avala son café, vite servi, en se brûlant certainement la langue. Nick le connaissait trop bien. Il aurait cette mine de supplicié encore un bon moment puis passerait à autre chose, comme si rien.

Trois quart d’heure plus tard. Dûment vêtus, les frères McKenna prirent la route de leur bureau. Les affaires de la famille McKenna étaient très diversifiées, tant niveau local comme international. Philip avait été un mauvais père et époux, mais un brillant hommes d’affaires, de cela personne ne pouvait douter et maintenant ses fils se trouvaient à la tête d’une fortune imposante que Nick, qui occupait la tête du consortium, gérait habilement.

Après la réunion avec les clients japonais, Nick ne pouvait plus avoir doute sur les états d’âme de son frère, qui avait fait des efforts méritoires pour ne pas s’endormir alors qu’il vantait les bontés de la future inversion nippone. Il connaissait la recette infaillible pour le remettre d’aplomb…

Il n’y avait pas grand monde à la plage, pas de vagues spectaculaires non plus mais suffisamment pour amener un sourire au visage de Jack, qui oublia sa morosité, s’empara de sa planche et comme un gamin heureux courut vers le rivage. Ce faisant, il dût de souvenir de quelque chose, car, sans préavis, il se retourna.

Fais attention, idiot !!!, cria Nick, prévoyant le malheur.

Jack était le meilleur des frères mais il pouvait se montrer parfois d’une étourderie navrante et là, il venait presque de carrément assommer une jeune femme qui se trouvait sur son chemin…Un joli coup de planche et elle était à terre. Nick courut rejoindre les lieux du sinistre.

Bon sang, Jack…

Laissant les récriminations pour plus tard, il se porta au secours de la pauvre victime qui semblait assez sonnée.

Ça va ?...Faut excuser mon frère…il est assez étourdi parfois…Il ne vous a pas fait trop mal, j’espère ?

Elle secoua la tête puis la relevant, le regarda…

*Quel joli morceau de fille !*

Elle avait des yeux fantastiques…et dès qu’il l’eut aidée à se remettre sur pied, fallut constater que ce n’était pas seulement ses yeux qui l’étaient…

Je suis Nick McKenna…et lui, c’est mon frère…Jack…eho ! Jack…Tu peux dire au moins bonjour ?

Mais pour une raison quelconque, Jack semblait être...ailleurs, sans pour autant quitter la belle des yeux.

JACK !

Elle allait les prendre pour des demeurés…

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« … Les puissantes mâchoires se refermèrent sur son torse, dans un dernier sursaut de conscience, il entendit les os craquer et une douleur atroce, fulgurante l’enveloppa comme un linceul… »

Son propre cri le réveillait…Il restait là, assis dans le fouillis des draps, haletant, en sueur, les yeux encore exorbités de terreur.

Calmez vous, Mr.Jack…ce n’était qu’un vilain cauchemar…là, calmez vous…

Keala caressait sa tête comme quand il était petit et il parvenait à se calmer peu à peu, même si un méchant malaise persistait. Cela se répétait presque chaque nuit et devenait de plus en plus angoissant. Cela devait avoir une signification, Il en était presque sûr, mais ne parvenait pas à s’imaginer laquelle…enfin, il avait une certaine idée mais c’était si ridicule qu’il se taxait d’idiot.

*Ouais …dans une autre vie tu t’es fait bouffer par un croco…tu es un imbécile, Jack !*

Ça va aller, Keala…suis réveillé…

Vous voulez un verre de lait ?

C’était sa panacée universelle contre tous les maux de l’esprit.

Non…à vrai dire…je préfère un whisky !

Ah non, là…si vous vous mettrez à boire à cause de vos cauchemars vous finirez mal.

Comme quoi, alcoolique sans remède et ça, Keala Johnson n’allait pas le permettre. Elle ne le laisserait pas suivre le même chemin que son père, qui aux dires de cette chère femme, éclusait comme pilier de bar, d’où son caractère maudit.

Jack finissait par accepter une tasse de chocolat. À 2 :00 du matin et cela chaque deuxième nuit…

Cette nuit là ne fut pas l’exception. Après la bienfaisante tasse de chocolat, il se leva et alla regarder par la fenêtre, sachant qu’essayer de s’endormir serait inutile pendant un bon moment. La nuit était belle, dégagée, sans un nuage…une lune splendide se reflétait sur l’océan…

La vision fugace d’un étang où flottaient des lotus traversa son esprit, le faisant se sentir soudain affreusement triste.

Jack se passa la main dans ses courts cheveux blonds et secoua rageusement la tête.

Ça tourne pas rond chez toi, mon pote, marmonna t’il, des crocos…des lotus…quoi plus ?

Parfois la vision était différente et il voyait un fleuve aux berges semées de hauts papyrus.

Continue comme ça…tu finiras par voir des pyramides, tant que tu y es…

Il les avait en horreur...mais pas autant que les crocodiles…

Peu après la mort de Philip McKenna, sa mère avait tenu à les emmener Nick et lui faire un voyage pour élargir leurs horizons. Entre autres, ils avaient visité l’Egypte. Il avait été malade du début à la fin, tant et si bien qu’on avait dû écourter le séjour. Aucun médecin ne pouvait s’expliquer quel était son mal…qui disparut aussi mystérieusement qu’il n’était apparu…une fois qu’ils eurent quitté le pays.

Il réussit à dormir une paire d’heures et se lever avec une mine de déterré, pour accompagner son frère à une importante réunion avec des investisseurs japonais pendant laquelle, il avait fait des efforts surhumains pour maintenir les yeux ouverts et ne pas avoir l'air d'être le dernier empoté de la planète.

Que Nick décide aller à la plage lui fit remporter toutes les palmes de sa fraternelle gratitude. À peine la voiture garée, il s’était emparé de sa planche et filait vers la mer quand il se souvint ne pas lui avoir dit que Jessica Redvers l’avait appelé. Sans même regarder autour de lui, Jack se retourna tout de go…

Fais attention, idiot !!!

Paf ! Il venait de taper quelqu’un par mégarde…pourtant…enfin, il n’avait fait aucune attention aux autres, pour changer. Restait à essayer d’arranger les choses. Il avait assommé une fille…décidément ça allait de mal en pire…Il ne voyait que son dos et sa chevelure défaite. Elle se massait le crâne.

Euh…désolé…pas vue…

Il l’entendit grommeler quelque chose et se devina voué aux enfers mais déjà Nick, le roi de la diplomatie arrivait sur place et prenait l’affaire en main.

Bon sang, Jack…

À bon entendeur ! L’inconnue dûment remise sur pied, fut force de constater qu’elle était d’une pièce…une vraiment très superbe pièce d’après ce qu’il put juger en contemplant son dos admirable.

Je suis Nick McKenna…et lui, c’est mon frère…Jack…

Elle eut la bonne grâce de se tourner vers lui et l’éclat malicieux de ses yeux magnifiques le prit absolument de court…

Eho ! Jack…Tu peux dire au moins bonjour ?

Non. Il ne pouvait pas, il se sentait nager à contre courant dans ce regard clair.

JACK !

Avec un sursaut, il retomba sur terre et se trouva en train de sourire, contrit.

Aloha.

Tant pis si elle le prenait pour un idiot mais il s’était senti incapable de dire quoi que ce soit d’autre. Un coup d’œil de son frère lui fit remémorer les bonnes manières.

Je suis franchement désolé de t’avoir tapé sur le crâne…mais je jure que…Oui, Nick a raison je suis le dernier des étourdis…au fait, je suis…Jack…Jack McKenna…le frère de Nick.

C’était quoi ça comme conversation ? Elle les regarda tout à tour, cherchant, sans doute, quelque ressemblance entre eux, sans logiquement en trouver aucune.

Petit flottement général. Sans se démonter le moins du monde, Jack reprit plein d’enthousiasme :

Alors…en vacances dans le coin ? Parce que tu n’es pas d’ici…je ne t’avais jamais vue…

*Tant et si bien que tu l’as assommée avec ta planche, triple gourde !*

Petit froncement de sourcils. Nick se racla la gorge. Jack ficha sa planche dans le sable.

Il fait beau, hein ?

C’est ridicule ce qu’on peut rester à court d’arguments, parfois…

Isabel en avait marre, marre des ses parents trop protecteur envers elle. Il lui fallait de l'air, de la distance, c'est pour cela que le jour de sa majorité, elle partie courir le monde et faire ce qu'elle désirait le plus, la casse-cou, découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles épreuves à surmonter. Elle aimait ses parents, plus que tout au monde mais ils étouffaient,la rendaient folle.
Son père était un entrepreneur et achetait des bâtiments pour en faire des hôtels et autres et Isabel voulait faire de même, alors après avoir fait des expériences toutes aussi dangereuses les unes que les autres, la jeune femme revint auprès de ses parents et demanda conseils à son père pour faire comme lui. Bien sûr, elle devait commencer en bas de l'échelle et donc pour se faire un nom dans l'immobilier il fallait commencer en bas de l'échelle. Son père voulait la prendre avec lui, mais elle refusa. Bien sûr elle avait besoin d'argent et se faire entretenir par sa famille, pas question, alors comme elle aimait voyager et faire de nouvelles rencontre, elle commença par devenir secrétaire dans des entreprises d'import/export et aussi de grandes succursale.
Isabel était intelligente, elle savait à présent comment tout fonctionnait pour acheter un immeuble et le transformer comme elle le souhaitait pour enfin le revendre à un prix beaucoup plus élevé. Elle avait de l'argent de côté et pouvait enfin commencer à développer son affaire qu'elle venait d'ouvrir, et c'est à ce moment que ce coup de téléphone arriva.
Elle devait se rendre à Honolulu pour y rencontrer des personnes susceptible de lui vendre une ancienne plantation, c'était exactement ce qu'elle recherchait, il fallait encore voir l'endroit et tout, mais si tout fonctionnait parfaitement, elle pourrait faire de cette ancienne plantation un magnifique hôtel de luxe avec spa.

En ce lundi, l'avion décolla et Isabel était impatiente de se retrouver au bord de l'océan, c'est vrai que ce n'est pas l'endroit qu'elle appréciait le plus, mais elle n'avait pas le choix. Après plusieurs heures de vol, l'avion arriva à destination sans encombre, l'air marin emplit les poumons de la jeune femme et sa phobie ressurgit, elle devait y faire face, elle n'avait pas le choix.
Son hôtel n'était pas loin de la plage et à chaque fois qu'elle voyait cette étendu d'eau, elle se souvenait de ce qui lui était arrivée lorsqu'elle était petite, mais Isabel était forte et savait surmonter ses peurs, elle avait vu des choses incroyable et fait des choses insensées, ce n'était pas de l'eau qui allait lui faire perdre la boule, alors prenant son courage, elle sortit de sa chambre et alla marcher sur le sable chaud. Son paréo à fleur rouge cachait ses formes et en dessous elle portait un maillot de bain qu'elle ne se servirait sans doute jamais. Mais dans ce coin si chaud, il fallait qu'elle se découvre.

L'après midi était bien entamé, Isa marchait tranquillement, perdu dans ses pensées et c'est à cet instant que l'accident se produisit, une voix d'homme qui criait lui parvint aux oreilles, mais c'était trop tard, une seconde plus tard la jeune femme sentit quelque chose lui frapper la nuque et elle se retrouva allongé sur le sable. Quel espèce de crétin avait fait ça...

Euh…désolé…pas vue…

Non mais quel idiot.... Il ne peut pas regarder où il va celui-là ?

La jeune femme s'était emportée, mais c'était un peu normal, non ?

Bon sang, Jack…

Un autre jeune homme aida la demoiselle à se remettre sur pieds, elle se massa la nuque et il lui parla.

Ça va ?...Faut excuser mon frère…il est assez étourdi parfois…Il ne vous a pas fait trop mal, j’espère ?

Elle ne répondit pas mais secoua la tête pour signifier qu'elle allait bien et que l'autre ne lui avait pas fait si mal que ça, elle vait vu pire et souffert cent fois plus. Elle releva les yeux et vit le jeune homme qui l'avait aidé à se relever, il était assez mignon avec des cheveux châtain foncé et des yeux couleur noisette.

Je suis Nick McKenna…et lui, c’est mon frère…Jack…

Elle se retourna pour voir son agresseur et quand leurs yeux se croisèrent elle sentit quelque chose, comme si elle connaissait ce Jack. Elle n'entendit même pas les paroles de Nick, elle n'avait d'yeux que pour ce jeune homme blond et ses yeux bleu comme l'océan.
A croire qu'une bulle les entourait, rien autour d'eux n'avait d'importance, sauf la voix de Nick.

JACK !

Isabel reprit conscience et fit comme si rien, Jack la salua à sa façon avec un air idiot et un sourire enjôleur sur le visage.

Je suis franchement désolé de t’avoir tapé sur le crâne…mais je jure que…Oui, Nick a raison je suis le dernier des étourdis…au fait, je suis…Jack…Jack McKenna…le frère de Nick.

Moi c'est Isabel Miller.... Ne vous inquiétez pas ça va, j'aurai aussi dû faire attention.....

La jeune femme regarda tour à tour les deux frères et ne remarqua aucune ressemblance, l'un était brun et l'autre blond, c'était vraiment incroyable, en plus ils avaient l'air d'avoir le même âge. Enfin elle n'allait pas s'attarder sur cela quand même, elle n'était pas là pour draguer, mais pour travailler. Jack reprit la conversation.

Alors…en vacances dans le coin ? Parce que tu n’es pas d’ici…je ne t’avais jamais vue…

Oh ! Et bien eux était donc d'ici, intéressant, ils pourraient sans doute l'aider à savoir si c'était une bonne idée de faire un hôtel de luxe dans le coin, vu que ce qu'elle avait en tête n'avait pas encore était fait ici même. Elle sourit et répondit franchement.

Euh, non, je ne suis pas en vacances, disons que je suis ici pour le travail....

Les deux frères se regardèrent et Jack planta sa planche dans le sable avant de dire une chose vraiment débile.

Il fait beau, hein ?

Heureusement, qu'il faisait beau, sinon elle ne serait pas là, sur la plage en paréo en train de regarder deux frères dont l'un l'avait presque assomé.

Oui, il fait beau et très chaud.... Alors comme ça tu fais du surf, c'est vraiment intéressant, je n'ai jamais pratiqué ce sport, ça doit être génial ?

Au moins la conversation se portait sur autre chose que la pluie et le beau temps.
L'un des deux frère proposa quelque chose à Isa, mais avec sa phobie, elle ne savait pas si c'était possible, mais avant qu'elle ne puisse répondre, l'eau vint lui lécher les pieds et elle sursauta avant de faire un bond en arrière, il fallait qu'elle s'éloigne de cette étendu d'eau. Les deux frères remarquèrent son mal-être et voulurent savoir ce qui lui arrivait, mais elle recula encore un peu et s'assit sur le sable à bonne distance de l'eau.

Rien ça va ! Je suis juste un peu fatiguée c'est tout, le décalage horaire m'a épuisé et......

Une jeune femme cria sur la plage.

Miss Miller.... On demande Miss Miller au téléphone....

Isabel se releva et s'excusa auprès des deux jeunes hommes.

Je suis navrée, je dois vous laisser..... On se retrouvera sans doute plus tard, à bientôt.... Elle cria à la jeune réceptionniste de l'hôtel, J'arrive....

Puis elle partit en direction de l'hôtel laissant les deux frères seul. Arrivé devant le téléphone, elle prit le combiné et écouta l'homme au bout du fil, c'était son contact pour son affaire d'ancienne plantation, apparemment il y avait un soucis, quelqu'un d'autre voulait acheter l'endroit aussi et donc Isabel allait devoir batailler dur pour se voir arrache la victoire.
Dans ce métier il fallait de la concurrence, et là c'était ainsi, la jeune femme n'allait pas abandonner et devait se renseigner pour savoir qui était l'autre acheteur.

Moldu Messages : 77 Gallions : 25692 Date d'inscription : 25/04/2010

Curieuse rencontre, mais pas autant que la réaction déboussolée de son frère. L’attitude d’erratique demeuré qu’il avait affiché face cette miss Miller ne lui ressemblait pas du tout. Jack pouvait être étourdi parfois, ça faisait partie de son charme, à coup sûr, mais de là à se montrer coincé avec une fille…quand même pas.

À sa formidable trouvaille qu’elle n’était pas du coin, la demoiselle avait répondu franchement :

Euh, non, je ne suis pas en vacances, disons que je suis ici pour le travail...

Nick se demandait quel genre de travail pouvait faire une jolie fille comme elle et vraisemblablement Jack se posait la même question. En le voyant ficher sa planche dans le sable, Nick se dit que c’était parti pour une petite séance de drague à la hawaïenne mais, décidément ,ce n’était pas le jour de Jack, au lieu de dire quelque chose d’intelligent, le voilà qui lançait, comme si rien, un commentaire…sur le temps.

*À croire que c’est lui qui s’est pris le coup sur le crâne !*

Au moins al demoiselle semblait plus dégourdie.

Oui, il fait beau et très chaud.... Alors comme ça tu fais du surf, c'est vraiment intéressant, je n'ai jamais pratiqué ce sport, ça doit être génial ?

Enfin oui…Un gars, une planche de surf, le tout à deux pas de la plage, ça ne pouvait pas signifier rien d’autre.

Vu que son cher frère semblait de nouveau perdu dans quelque limbe inaccessible, Nick prit le relais en affichant son meilleur sourire.

Oui, on pratique tous les deux le surf…en fait, tu dois le savoir, c’est le sport local. Puisque tu es là, ce serait bien d’essayer, cela te plaira à coup sûr…c’est vraiment génial !

Mais voilà que la belle prenait un air épouvanté comme s’il lui avait proposé de nager entre les requins. Une vaguelette vint lui lécher les pieds et sa réaction fut de pure terreur, d’un bond, elle mit de la distance entre l’eau et elle.

Ça va bien ? Tu sembles mal à l’aise tout à coup !

Tiens, Jack retrouvait ses esprits. Miss Miller était allée s’asseoir assez loin du bord de l’eau, forcement, ils la rejoignirent et la voilà qui donnait une explication assez bidon.

Rien ça va ! Je suis juste un peu fatiguée c'est tout, le décalage horaire m'a épuisée et...

*Depuis qu’un vol long cours fiche la trouille à l’eau…On aura tout vu*

Pas le temps de s’étendre en explication logarithmiques sur le thème déjà une des réceptionnistes de l’hôtel faisait son apparition en appelant la demoiselle à tout azimut.

Je suis navrée, je dois vous laisser..... On se retrouvera sans doute plus tard, à bientôt.

Et de s’en aller rapidement prendre son appel téléphonique. Restés seuls sur la plage Nick se tourna vers son frère.

Tu te sens bien ?...Pourquoi ? Ton attitude débile, ça te dit ? Je ne sais pas ce qui t’a pris mais du coup tu as eu l’air plus que paumé...Me dis pas que cette fille t’a fait autant d’effet !?...C’est vrai qu’elle est très mignonne mais de là à en perdre la parole…

Jack répondit n’importe quoi et alla chercher sa planche abandonnée un peu plus loin. Peu après, ils avaient oublié Miss Miller et surfaient, insouciants…de quoi se remettre d'aplomb pour ce qui restait du jour.

Cette nuit là, Jack fit un de ses pires cauchemars, tant et si bien que Nick se retrouva à son chevet en même temps que Keala. Il tarda un bon moment à s’en remettre.

Pas que je veuille sembler alarmiste, mon vieux, mais là, je pense qu’il est temps de consulter un psy…pas normal ces cauchemars à répétition.

Jack l’envoya se faire voir mais Nick insista.

Tu peux pas vivre comme ça…Tu finiras dingue pour de bon, à ce train là.

À moitié vexé, son frère assura qu’il y penserait. Le connaissant, Nick sut qu’il pouvait dire adieu à cette solution. Jack pouvait être extraordinairement têtu quand l’envie lui en prenait.

À mesure que se déroulait la conversation téléphonique avec Jason Le Brock, Nick voyait l’affaire s’embrouiller bellement.

Je suis tout à fait d’accord avec vous, Mr. Le Brock, une affaire de cette envergure ne peut pas se discuter au téléphone. Je comprends aussi que vous soyez absolument pris par votre nouveau projet…Je m’imagine bien que peaufiner les détails d’un hôtel comme celui là demande votre constante présence…

À l’autre bout de la ligne et à l’autre bout du monde, Jason Le Brock sourit, blasé.

Mr. McKenna, je sais parfaitement que votre projet aussi vous tient à cœur, à vous et à votre frère mais pour le moment, et cela pour les deux ou trois mois qui viennent il est impossible pour moi de quitter Sharm El Sheik, donc, voulant supposer que cela ne vous pose aucun problème, il faudra que vous veniez sur place pour que nous puissions discuter amplement les détails de notre affaire. Je vous préviens, il y a un autre investisseur très intéressé et il sera ici dans quelques jours…

Nous voulons la plantation Grier…Nous avons fait la première offre importante, Le Brock.

C’est à prendre ou à laisser, McKenna. Je fermerai l’affaire avec celui qui sera présent et je vous dis, pas d’intermédiaires, je suis très exigeant sur ce point. Si vous voulez la plantation Grier, il faudra vous venir ici, vous et votre frère.

C’était sans appel, ce diable d’homme était plus qu’intransigeant et le connaissant comme ce qu’il était, un excentrique mal luné, Nick savait qu’il ferait ce qui lui passerait par la tête.

En parler à Jack, une autre paire de manches.

Le Brock ne veut pas transiger sur le point, nous devons aller le trouver là où il est pour clore l’affaire.

Jack n’y voyait aucun inconvénient. Il était disposé à sauter dans le premier avion, aller voir Le Brock et acheter la plantation Grier. Le projet lui tenait autant à cœur qu’à Nick et n’avait aucune intention de se la laisser souffler sous le nez par quelque autre parvenu qui en ferait n’importe quoi.

Il y a juste un petit pépin…Le Brock est à Sharm El Sheik.

Le semblant de Jack se décomposa à l’instant.

Je sais…Tu as été malade comme un chien la dernière fois qu’on y a été…mais tu avais 15 ans…ça fait un bail quand même…Tu n’as qu’à prendre soin de ce que tu manges ou bois…

Nick, comme tous, pressentait que la maladie de Jack alors, n’avait rien eu à voir avec boisson ou nourriture mais ils ne pouvaient pas se laisser vaincre par une simple hypothèse.

Contre toute supposition, Jack accepta de se rendre en Égypte même si l’idée était très loin de le ravir.

Parles en au Dr. Reeves…il peut te donner quelque chose pour…sais pas…pour les nerfs !

Jack quitta son bureau en coup de vent, visiblement outré qu’il le tienne pour un détraqué nerveux, mais trois jours plus tard, ils étaient á bord de l’avion les menant au Caire.

Te fais pas de bile, Jack…on ne verra pas une fichue pyramide par contre on pourra faire de la plongée sous-marine, l’endroit est…ah, tu sais… pas la peine de faire la tête alors.

Mais il fut de mauvaise humeur le reste du voyage. Arrivés au Caire, ils se trouvèrent avec la surprise, très agréable que Le Brock avait envoyé son avion privé pour les emmener direct et sans délais à leur destination. Jack se détendit d’un cran.

Le vol ne fut pas long et Sharm El Sheik les reçut dans l’éclaboussement du soleil plongeant dans la mer. Une limousine les attendait pour les emmener à la fabuleuse villa de Le Brock. Celui-ci les reçut avec grande affabilité, comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde et qu’il était absolument ravi de les accueillir chez lui.

Ça me fait réellement plaisir que vous soyez ici. Venez…venez donc. L’autre intéressé est arrivé plus tôt, aujourd’hui même, j’ai hâte que vous fassiez connaissance.

*Pourquoi ? Pour nous voir nous arracher les yeux ?*

Même si Nick McKenna était sur que leur offre surpasserait n’importe quelle autre. S’armant de son meilleur sourire et suivi d’un Jack, sérieux comme Pape en concile, il emboîta le pas à Le Brock, heureux comme un pinson. Il les mena vers une somptueuse terrasse dallée de marbre, s’étendant pratiquement sur la mer.

Arrêt sur image. Assise ou mieux dit mi allongée dans une recamière fleurie, vêtue d’un seyant caftan blanc, se trouvait…ni plus ni moins que…

Miss Miller !

Ah, tiens ! Vous vous connaissez !, jubila Le Brock.

En effet, nous nous sommes brièvement rencontrés à la plage, à Hawaii.

Il avança vers la jeune femme en souriant, la main tendue. Elle avait la poignée ferme et le sourire ravageur.

Un plaisir de vous revoir, Miss Miller. C’était donc celui là, le travail qui vous a amenée à Hawaii, croyez moi, ce sera une vraie joie entrer en affaires avec vous…et Mr. Le Brock. Vous souvenez vous de mon frère Jack ?

Charmante, elle se tourna vers lui, assurant s’en souvenir parfaitement…

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Après sa triste prestation sociale avec la jolie Isabel Miller, Jack préférait ne pas y penser. Selon son frangin il avait fait le rôle du demeuré de service, le pire de tout, sans en être du tout conscient. Des jolies filles, il en avait croisées dans sa vie mais aucune ne lui avait fait un effet aussi étrange. Pas que cela ait été un coup de foudre fulminant, pas du tout…en fait, il n’aurait pu dire exactement à quoi ressemblait la jeune femme, en la regardant, il avait eu la bizarre sensation qu’un autre visage cherchait à se superposer au sien… ce qui rendait la chose singulièrement floue et inquiétante.

Nick, plein d’entrain et bonne foi avait fait les frais de la courte conversation mais la demoiselle avait été appelée au téléphone et était partie rapidement. Il avait tout de même réussi à remarquer que la belle avait une peur bleue de l’eau, ce qui lui fit rationnellement se demander pourquoi elle allait à la plage…mais enfin, chacun ses défis.

Tu te sens bien ?...

Euh…oui…pourquoi ?

Pourquoi ? Ton attitude débile, ça te dit ?

Tant que ça ?

Je ne sais pas ce qui t’a pris mais du coup tu as eu l’air plus que paumé

Sais pas trop…c’était…bizarre.

Me dis pas que cette fille t’a fait autant d’effet !?...C’est vrai qu’elle est très mignonne mais de là à en perdre la parole.

Il y avait bien de quoi se poser des questions mais sans avoir l’intention de s’éterniser sur le thème il préféra aller faire ce pourquoi il était venu sur cette plage : surfer.

L’épisode fut oublié rapidement.

Cette nuit, le cauchemar fut plus brutal encore. Cette fois il ne fut pas seulement questions des crocodiles déjà si bien connus mais aussi de bûcher et guillotine…dans tous les cas, c’était de sa vie qu’il en allait et pas à dire, c’était plutôt angoissant.

Pas que je veuille sembler alarmiste, mon vieux, mais là, je pense qu’il est temps de consulter un psy…pas normal ces cauchemars à répétition.

Jack qui essayait de reprendre un rythme de respiration normal le fusilla du regard en grognant.

Fous moi la paix avec ça…

Mais Nick avait son idée.

Tu peux pas vivre comme ça…Tu finiras dingue pour de bon, à ce train là.

Ouais…sûr !

Il pouvait toujours courir avec son psy à la noix, Nick !

Bien sûr, il n’y songeait même plus le lendemain. Trop de travail les occupa comme pour penser à retourner à la plage mais ce n’est pas pour autant que Jack avait oublié sa bizarre rencontre avec Isabel Miller.

Ce matin là, laissant Nick s’occuper des affaires au bureau, Jack alla faire un tour de reconnaissance à la propriété qu’ils pensaient acquérir. Il aimait particulièrement cet endroit et le projet qu’ils avaient conçu pour transformer les lieux en un exclusif hôtel de luxe avec spa, golf et autres aménités de choix, lui tenait beaucoup à cœur. L’ancienne et immense maison de la plantation Grier demanderait une grande inversion pour être remise en état mais le résultat prévu le vaudrait bien. À part le surveillant des lieux, le vieux Tom, il n’y avait pas un chat aux alentours. Le connaissant de toute la vie, Tom n’eut aucun inconvénient pour le laisser s’y balader à souhait mais lui raconta que la veille une jeune femme était venue aussi visiter la propriété.

Et qu’est ce qu’elle voulait !?

Ben, sais pas…mais elle avait l’air rudement intéressée en tout cas ! Elle a fait plein de photos.

L’idée qu’il y avait un possible adversaire à leur disputer l’affaire, lui gâcha la joie de parcourir les alentours.

De retour au bureau, Nick l’attendait avec une nouvelle qui lui plut moins encore.

Le Brock ne veut pas transiger sur le point, nous devons aller le trouver là où il est pour clore l’affaire.

Ce type est tout un numéro…mais s’il le faut, ça nous fera des vacances. On peut partir le plus tôt possible et…

Il y a juste un petit pépin…Le Brock est à Sharm El Sheik.

Il jura entre dents, décomposé, malgré lui. Nick, fit une moue et un geste large de la main.

Je sais…Tu as été malade comme un chien la dernière fois qu’on y a été…mais tu avais 15 ans…ça fait un bail quand même…Tu n’as qu’à prendre soin de ce que tu manges ou bois…

Cette situation avait était, jadis, assez pénible et ridicule, comme pour l’avoir oubliée mais il n’avait aucune envie de passer pour un aliéné qui se laisser emporter par des stupides états d’âme.

C’est bon. On va pas en faire un plat. On part quand ?

Le voyage était prévu pour trois jours plus tard. Nick, toujours prévoyant et plein de bonnes intentions crut bon lui donner un dernier conseil.

Parles en au Dr. Reeves…il peut te donner quelque chose pour…sais pas…pour les nerfs !

Jack dut serrer les dents pour ne pas envoyer son frère au diable, il commençait à en avoir un peu marre qu’on le traite comme à un dingue potentiel.

N’empêche qu’avant de partir il s’arrangea pour se faire prescrire un anxiolytique dans l’espoir que ça aiderait à tenir le coup.

Comme prévu, trois jours plus tard, ils partaient au Caire.

Te fais pas de bile, Jack…on ne verra pas une fichue pyramide par contre on pourra faire de la plongée sous-marine, l’endroit est…

Je sais où on va, Nick, pas la peine de me faire la pub.

Ah, tu sais… pas la peine de faire la tête alors.

Je ne fais pas la tête, grommela t’il mais évidemment, c’était un mensonge.

Au Caire un avion privé les attendait pour les emmener à Sharm El Sheik, le voyage se passa sans anicroches et ils atterrirent en fin d’après midi. Une limousine les conduisit jusqu’à la demeure de Le Brock où un luxe assez tapageur débordait par les fenêtres.
Jack ne pouvait pas trop souffrir Jason LeBrock. Il le trouvait extravagant, pompeux et tordu pour les affaires. Il avait acquis la plantation Grier vingt ans auparavant pour une bouchée de pain et comptait la revendre, dans un état de délabrement flagrant, pour une fortune…qu’ils étaient disposés à payer rubis sur l’ongle.

Le gros plouc se déclara ravi de les recevoir chez lui et annonça ,radieux, que l’autre intéressé pour acquérir la plantation était là depuis quelques heures.

J’ai hâte que vous fassiez connaissance, assura t’il avec un sourire malicieux.

La perspective de cette rencontra le mettait définitivement en joie.

Rien n’avait préparé Jack à découvrir Isabel Miller, les attendant à la terrasse.

Ah, tiens ! Vous vous connaissez !, jubila Le Brock.

En effet, nous nous sommes brièvement rencontrés à la plage, à Hawaii, informa Nick en avançant vers la jeune femme. Ils se serrèrent cordialement la main.

Il rata l’entrée en matière en gambergeant à toute vapeur. C’était donc elle la femme qu’avait vu le vieux Tom, celle qui avait pris des photos et inspecté chaque coin et recoin de la propriété. Il la considéra, sans trop d’aménité essayant de percer la cuirasse de ce sourire radieux…Était elle une adversaire digne de ce nom ou simplement une opportuniste de passage…

Vous souvenez vous de mon frère Jack ?

Difficile qu’elle l’ait oublié après tout ce n’est pas tous les jours qu’on devait lui ficher un coup de planche de surf sur le crâne…D’avoir su…il aurait tapé plus fort. Mais cette idée se dilua quand l’éclat de ses yeux l’atteignit. Se forçant à sourire, bonne éducation tant rabâchée oblige, Jack prit la main qu’elle tendait, gracieusement.

Il ne s’attendait pas au violent frisson qui le secoua, le glaçant jusqu'à la moelle, lui donnant l’impression d’étouffer pris dans un carcan de glace…Il lâcha brusquement la main de la jeune femme qui semblait elle aussi affectée de quelque mal étrange. Reculant instinctivement d’un pas, Jack chancela tant et si bien que Nick dut le retenir du bras, alarmé, alors que Le Brock se précipitait vers la demoiselle en détresse.

Calmer les battements affolés de son cœur et respirer convenablement lui prit un moment, pour alors Nick l’avait fait s’asseoir en posant des tas des question qu’il ignorait comment répondre. Isabel Miller reprenait elle aussi des couleurs et Le Brock lui faisait boire un verre d’eau, méthode réanimation que son frère opta pour imiter. Mine de rien, Jack avala deux cachets en se jurant ne pas approcher Miss Miller à moins de trois pas de distance…

Je suis impressionné, assura Le Brock, quand tous les deux eurent récupéré leurs esprits, c’est ce qu’on appelle un effet fulminant…Ça c’est passé pareil lors de votre première rencontre ?

Pas du tout, dit Jack qui retrouvait son aplomb, cette fois là, miss Miller a seulement touché ma planche de surf.

Et l’autre de rire comme s’il s’agissait de la meilleure blague du siècle. Les impliqués, eux, ne semblaient pas dut tout trouver l’affaire marrante.

Belle façon d'initier une session préliminaire de pourparlers…

Après le coup de téléphone de son contact, Isabel ressortit de l'hôtel pour aller voir l'endroit ou se trouvait l'ancienne plantation, qu'elle voulait transformer en hôtel de luxe avec spa,. C'était une très brillante idée et elle savait à présent que quelqu'un d'autre était également sur l'affaire. Même si la jeune femme n'était pas encore connue dans le milieu , elle savait qu'elle ne tarderait pas à se faire un nom.

Arrivée sur les lieux avec une carte à la main, elle regarda partout, c'était vraiment magnifique, elle voyait à présent où mettre le bâtiment principal et les autres plus petits. Non loin d'elle se trouvait un homme, il pourrait sans doute l'aider et lui faire visiter les endroit non visibles elle s'approcha et l'apostropha :

Bonsoir, c'est beau ici ?

Le vieil homme se retourna pour voir l'étrangère et répondit :

Oui c'est grandiose, mais ce sera beaucoup plus merveilleux quand tout ceci sera refait....

L'homme en avait trop dit et la jeune femme, toujours à l'écoute voulu en savoir davantage.

Oh, c'est vrai ? Puis-je faire quelque photos avant le changement ?

L'autre n'y voyait aucun inconvénient et Isabel commença à faire ses photos, ce serait une bonne occasion pour voir plus en détail ses futurs plans. La demoiselle posa quelques question au vieux Tom et après plus d'une heure, elle repartit vers son hôtel avec des idées plein la tête, il fallait qu'elle se dépêche pour les transcrire . Une fois cela fait, elle alla s'allonger sur son lit en repensant à sa rencontre avec les deux frères, c'était vraiment bizarre ce qui s'était produit avec Jack, le blond.
Le téléphone de la chambre sonna et la fit revenir sur terre, elle décrocha et eut la bonne surprise d'avoir le propriétaire en question à l'autre bout du fil.

Bonsoir, Miss Miller, comment allez-vous ?

Bonsoir Mr Le Brock, je vais parfaitement bien, merci. Je suis assez étonnée de vous avoir au téléphone puisque nous devions nous voir demain, que ce passe t'il ?

Isa savait que ce coup de fil n'était pas normal et que quelque chose se passait, elle ressentait ce genre de chose, alors au lieu d'y aller pas quatre chemins, elle lui demanda tout de go et Mr Le Brock lui répondit :

Et Bien avec vous on ne peut rien dissimuler... Alors je vais vous dire, voilà je suis coincé à Sharm El Sheik et pour la transaction il faut que vous veniez sur place.... Par contre, il y a un concurrent et je vous attends donc ici même, au plus tard à la fin de la semaine, si vous êtes toujours intéressée par le domaine ?

Pas de problème , je serai là, je ne veux pas me faire évincer, comptez sur moi, à bientôt.

Après avoir raccroché le combiné, la jeune femme contacta son assistant, Tim, et lui révéla les changement de plans, il lui affirma que tout serait prêt pour elle le lendemain matin, avion et tout. Isa était rassurée et après avoir dîner, alla se coucher.

Deux jours plus tard, sa réservation était enregistrée et elle s'envola pour l'Égypte, l'un des rares pays qu'elle n'avait pas encore visité.
A la descente du second avion, elle se retrouva dans une limousine qui la conduisit vers la demeure de Le Brock, c'était incroyable comme elle se sentait bien ici, comme si quelque chose l'attendait, une chose qui lui manquait dans la vie, elle n'aurait pas su dire quoi.

Mr Le Brock l'accueillit en lui annonçant qu'elle était la première et que ses concurrents n'allaient pas tarder, elle se demandait bien qui était ces personnes, même avec les questions posés à son hôte, il ne voulait rien dire, pour garder le mystère.
Isabel prit ses quartiers et se changea, elle alla ensuite s'installer devant la piscine, sur la terrasse, face à la mer, dans un transat fleuri, elle avait un verre à la main et attendait les autres. Qui étaient-ils ? Comment faire pour que Le Brock lui vende, à elle, sa propriété ? Tant de questions qui ne trouvèrent aucune réponse, car son hôte s'était levé et était parti accueillir les nouveaux arrivants.
Au bout de quelques minutes la jeune femmes entendit des pas derrière son dos et se retourna tout de go lorsque le son d'une voix connue l'appela :

Miss Miller !

Mr. McKenna !!

Le Brock était apparemment content qu'ils se connaissaient.

En effet, nous nous sommes brièvement rencontrés à la plage, à Hawaii.

Nick s'avança vers la jeune femme qui lui sourit et ils se serrèrent la main.

Un plaisir de vous revoir, Miss Miller. C’était donc celui là, le travail qui vous a amenée à Hawaii, croyez moi, ce sera une vraie joie entrer en affaires avec vous…et Mr. Le Brock.

Heureusement que la jeune femme n'avait pas demandé de l'aide aux deux frères pour la propriété et de savoir si ce qu'elle voulait en faire était une bonne idée, pour une fois qu'elle avait gardé sa langue dans sa poche, on peut dire que l'intervention de la réceptionniste de l'hôtel était tombé à pic.

Plaisir partagé, Mr McKenna, et oui je suis aussi sur cette affaire et ne vous fiez pas aux apparences, je suis un vrai requin...

Vous souvenez vous de mon frère Jack ?

Bien entendu que je m'en souviens, comment l'oublier ?

Isa se tourna pour regarder le grand blond et lui fit un sourire tout aussi chaleureux que possible, lui tendant la main, il la prit dans la sienne et une chose incroyable se passa.
Des frissons, une intense douleur la prit au ventre et dans tout les recoins de son corps, elle se sentait glacée, pire que si elle avait passé une journée entière dans un congélateur.
Se sentant mal, elle relâcha aussitôt la main de Jack et faillit s'évanouir, Mr Le Brock vint à sa rescousse et lui tendit un verre d'eau.
La jeune femme se demanda ce qui venait de se passer, c'était vraiment étrange, jamais au cours de sa vie une chose pareille s'était produite, jamais elle s'était sentie aussi malheureuse, aussi vulnérable, c'était une sensation vraiment bizarre.

Après cette mésaventure, Le Brock prit la parole :

Je suis impressionné, c’est ce qu’on appelle un effet fulminant…Ça c’est passé pareil lors de votre première rencontre ?

Isabel fit non de la tête car aucuns son ne pouvait sortir de sa bouche, Jack, lui pouvait parler.

Pas du tout, cette fois là, miss Miller a seulement touché ma planche de surf.

Les deux autres se mirent à rire, mais Isa et Jack se regardèrent comme si ce qui venait de dire était drôle.
Miss Miller pouvait enfin parler et au lieu de dire quelque chose d'intelligent, elle remit une couche sans vraiment l'avoir voulu.

Disons plutôt que c'est la planche de surf qui m'a heurtée...

Et voilà que les deux hommes reprirent leurs éclats de rire, vexée, Isa se leva et comme une fois n'est pas coutume avec sa maladresse, elle se prit les pieds dans une chaise et failli s'étaler de tout son long sur le marbre de la terrasse si quelqu'un ne l'avait pas retenu, mais c'était comme si rien car une fois en contact avec Jack, il la relâcha de suite et elle se retrouva cette fois-ci dans les bras de Nick.

Une fois de plus des terribles frissons la secouèrent. Elle se sentait frigorifiée et demanda en claquant des dents :

Une couv...vvverrttuuuurrre !!!!

Quelques minutes plus tard, la jeune femme se retrouva allongée sur le transat avec une belle couette la recouvrant des pieds à la tête. Ce n'était pas une bonne journée pour la demoiselle, Mr Le Brock reporta la réunion de bienvenue à plus tard, le temps que Miss Miller et Jack McKenna se remettent de leurs émotions.

La réunion débuta, Jack et Nick étaient l'un à côté de l'autre, tandis que Le Brock et Isabel leur faisaient face, à tour de rôle ils devaient se présenter sans pour autant parler du projet en cours, car c'était un point que Le Brock avait stipulé.
Isa commença donc :

Je me nomme Isabel Miller, je viens d'une petite ville de Californie, J'ai fais mes études à Harvard.... J'ai 25 ans et je suis fille unique.... Que dire de plus, mon père est un très grand entrepreneur et ma mère est infirmière dans un hôpital. Je suis célibataire, puisque c'est indispensable de la dire et je n'ai pas d'enfants cachés. Je n'ai jamais été en prison et j'aime l'aventure ainsi que relever des défis.

La jeune femme pensait avoir fini, mais l'un des frères lui posa une question et le regard de Le Brock en disait long, elle n'avait pas le choix et dût répondre.

Si j'ai des phobies ? Et bien oui, une seule, mais je me doute que vous savez de quoi il s'agit, non ?

Les deux frères se regardèrent et firent non de la tête.

Et bien oui, j'ai peu de l'eau, quand j'étais petite j'ai failli me noyer et depuis je ne peux pas m'approcher d'une étendu d'eau... Voilà vous êtes contents ? Et vous alors quelles sont vos phobies ?

Seule dans sa chambre, Isabel se demandait ce qu'elle allait faire avec ce Jack, à chaque fois qu'il la touchait, elle tombait presque dans les pommes et avait des frissons. Soit elle n'était pas normale ou soit elle était allergique à ce jeune et bel homme. Ce serait vraiment dommage que ce soit la deuxième solution, enfin bref Mr LeBrock n'était pas là de la journée, il avait à faire avec son nouvel hôtel et avait donc laissé les trois jeune gens.
Au moins ce qui était positif c'est qu'elle connaissait un peu mieux ses adversaires.

Moldu Messages : 77 Gallions : 25692 Date d'inscription : 25/04/2010

Il s’en passait, des drôles de choses, là ! Cette chère Miss Miller et Jack ne semblaient pas avoir de grandes affinités, voire pas d’affinités du tout. Pour commencer il avait failli l’assommer sur la plage, à Hawaii et voilà qu’en se serrant la main il manquait de…de quoi à la fin ? Si la demoiselle sembla se trouver mal juste après lui avoir serré la main, Jack ne valait pas beaucoup mieux.

Qu’est ce que tu as, mon vieux ?

Il marmonna qu’il était glacé jusqu’à la moelle …Il l’était, en fait. Que Le Brock trouve ça marrant n’avait rien d’étonnant, la situation était absurde pour cela. Et puis, deuxième round…que la belle se prenne les pieds dans une chaise, manque de s’étaler et tombe dans les bras de Jack ne fut que question de secondes…que celui-ci la lance pratiquement dans les siens, une de plus. Miss Miller claquait des dents, réclamait une couverture. Jack avait pris place le plus loin possible de la demoiselle mais avait l’air profondément malheureux.
Leur hôte eut la déférence de laisser que les jeunes gens se remettent assez pour débuter un semblant de réunion. Le Brock avait sa façon bien à lui de faire les choses. Il voulait connaître à fond les possibles intéressés, sans pour autant les laisser parler de l’affaire en soi. Nick trouva ce petit jeu psychologique assez déplacé. Jack semblait sans opinion mais il devina aisément que son frère ruminait en silence, il avait son petit air buté des mauvais jours !

Bonnes manières obligeant, la miss commença avec le déballage de sa vie, comme quoi elle était née en Californie, était fille unique, célibataire et sans enfants, ayant fait des études à Harvard, sans pourtant dire quel genre d’études. Elle reconnaissait aimer l’aventure et relever des défis. Qu’elle n’ait jamais été en prison, ne surprit personne. Papa était riche et Maman travaillait comme infirmière…sans doute pour ne pas s’ennuyer dans leur belle mansion californienne. Que la miss ait choisi de vivre loin de sa famille était assez logique, comme unique enfant, elle devait se sentir couvée mieux qu’un poussin.

Se souvenant de l’épisode de la plage, Nick demanda, mine de rien :

Avez-vous quelque phobie remarquable, Miss Miller ?

C’était captieux de sa part mais Nick voulait savoir comment une fille qui ressent une terreur manifeste pour la mer et autres étendues d’eau pensait se débrouiller pour travailler au bord de l’océan, sans piquer une crise de nerfs tous les jours.

Si j'ai des phobies ? Et bien oui, une seule, mais je me doute que vous savez de quoi il s'agit, non ?

Apparemment, Jack n’avait pas fait attention à ce détail…en fait, il avait l’air de n’avoir pas remarqué pas mal de choses ce jour là.

J’ai une certaine idée, assura Nick en souriant, mais je suis sûr que vous voudrez bien la confirmer.

Elle ne s’y récusa pas.

Et bien oui, j'ai peur de l'eau, quand j'étais petite j'ai failli me noyer et depuis je ne peux pas m'approcher d'une étendue d'eau...

Gênante phobie, faut le dire !

Elle le fusilla du regard mais ne se laissant pas démonter contrattaqua :

Voilà vous êtes contents ? Et vous alors quelles sont vos phobies ?

Nick eut un de ses sourires placides et un geste large de la main :

Aucune…Je ne supporte pas trop les serpents mais on ne peut pas considérer cela une phobie…d’autant plus que nous n’avons pas cette classe de bestioles chez nous. Mais enfin, pour faire un court résumé de ma vie : Nicholas McKenna, né à Honolulu voilà presque 28 ans. Célibataire et sans enfants. J’ai un doctorat en Biologie marine et mes études se sont déroulées à l’université du coin et je n’ai jamais été en prison.

Le Brock s’agita à sa place, son regard perçant allait d’un McKenna à l’autre, cherchant, comme tout le monde, quelque trait de ressemblance.

Excusez ma curiosité, Mr. McKenna…vous et votre frère…je veux dire….vos n’êtes pas…

Nick se tourna vers Jack qui, selon son habitude, encaissait la question sans se troubler.

Jack et moi avons eu le même père, Philip McKenna, vous le connaissiez bien, Mr.Le Brock. Par un hasard douteux, nous sommes nés le même jour, la même année, au même hôpital. Tout le monde le sait et on n’en fait aucun mystère.

N’empêche qu’une position assez délicate à l’heure des affaires…

Pourquoi donc ?, voulut il savoir, parce que j’ai l’air d’être l’enfant illégitime ? Aucun souci, notre père a eu la décence de remédier cela dans son testament. J’espère que cela aura satisfait votre curiosité, Mr .Le Brock ?

Cela et fermez la, revenait presque au même mais Le Brock n’était pas près de se laisser dicter la loi.

Ne pensez vous pas être un peu jeune pour vous lancer dans des affaires si importantes, Mr. McKenna ?

Pas le moins du monde, qu’importe l’âge, nous avons du répondant, croyez moi…nos affaires sont très fructueuses et absolument légales.

Soit dit en passant que Le Brock avait réputation de ne pas être toujours dans les marges de la loi mais celui-ci n’était le point en discussion.

L’homme partit d’un rire voulu joyeux mais qui fut un tantinet contraint, il n’aimait pas du tout les sous entendus.

Et maintenant écoutons ce qu’a à dire votre frère.

Tout le monde se tourna vers Jack, dont le regard demeurait insondable et l’expression fermée…

Sérieux comme un évêque, Jack parla...et en dit, des choses.

Pour leur malheur ou bonheur, cela dépendait du point de vue, le lendemain Le Brock s'absenta pour la journée, laissant ses invités dans la liberté de jouir des bontés de la nature environnante. Pour deux biologistes marins, adorant la plongée et toute classe de sports en rapport avec la mer, cela ne posait aucun problème...Isabel Miller était une autre paire de manches...Ils ne pouvaient pas, décemment, disparaître et la laisser seule, à s'ennuyer comme une huître...Faute de mieux, ils restèrent à lui faire compagnie.

La conversation allait bon train, qui l'aurait dit mais tout se gâta d'une drôle de façon quand un appel téléphonique obligea Nick d'aller répondre à l'intérieur, laissant son frère et la miss discuter, pas trop loin de la piscine...

Les cris de la jeune femme le firent revenir au pas de course...Comment avait elle atterri dans l'eau? Que Jack se soit lancé la sauver était logique...mais la pauvre fille était terrorisée et voilà que son frère ne trouvait rien de mieux que lui envoyer une paire de gifles à toute volée. Nick plongea tout habillé. Curieusement, Miss Miller semblait plus tranquille et flottait gentiment soutenue par Jack...sans décharges électriques ni quoi que ce soit d'autre de bizarre...

Vous allez m'expliquer ce que vous faites là, tous les deux?

Sorcier Messages : 83 Gallions : 25699 Date d'inscription : 25/04/2010

Elle le faisait exprès ou quoi ? C’était déjà assez débile de se sentir comme un chien battu, après avoir essayé de lui serrer la main, voilà que la miss se jetait dans ses bras…très accidentellement, il fallait le dire, mais la secousse fut rude…il la renvoya dans ceux de Nick qui, apparemment n’avait aucun problème électrique. La miss assura se geler, on la couvrit d’une chaude couette, alors qu’il faisait au moins 32°C à l’ombre. Lui se remisa à rester à l’écart, en réfléchissant à tout ce qui se passait en se sentant assez misérable, sans trop savoir pourquoi.

Le Brock était un type odieux, en plus de ridiculement pompeux. Le temps qu’ils reprenant leurs esprits, il avait concocté la deuxième partie des réjouissances du jour. Un interrogatoire ? Peut être pas un, directement, mais être assis là, à écouter les autres parler de leurs vies ne lui semblait pas trop charmant.

La miss avait une gentille vie. Enfant unique et sûrement pourrie gâtée. Se déclarant aimer l’aventure et les défis. Cela faillit le faire rigoler tout seul…Elle ? Aventures et défis ? Il voudrait bien savoir lesquels…peut être que dévaliser les boutiques de Rodéo Drive lui semblait un défi de taille…mais enfin. Pourquoi diables Nick avait il eu besoin de parler de phobies ? Au moins, la belle ne se refusa pas à répondre et reconnut avoir une peur bleue…de l’eau, suite à une quasi noyade en étant enfant.

*Elle aurait pu faire quelque chose avec ça…si elle aime tellement les défis !*

Pour quelque raison qui lui échappa la demoiselle l’attirait et à la fois lui était assez antipathique. Peut être son petit air guindé ? Allez savoir.

Nick parla calmement de lui. Laissant clair que tous ceux qui les connaissaient ne se faisaient aucun mystère sur son état de bâtard reconnu. Depuis le temps que Jack n’y pensait plus à cette idiotie du destin que la question de Le Brock le mit en rogne…mais que pouvait on attendre d’un être aussi indélicat que lui ? Il prit un peu de sa propre médecine quand Nick, très diplomate, effleura à peine le thème légalité en affaires…

Et maintenant écoutons ce qu’a à dire votre frère.

Jack faillit soupirer mais se redressant un peu à sa place se contenta de lancer un regard peu amène à Le Brock avant de commencer à parler.

John Philip McKenna, mais préfère qu’on m’appelle Jack. Né à Honolulu il y a aussi presque 28 ans. Études de biologie marine à l’université de Hawaii, doctorat à Standford, tout comme Nick. Comme vous le savez bien, Mr. Le Brock nous avons fait nos preuves dans le monde des affaires de façon plus que satisfaisante, une conversation avec nos banquiers vous renseignera amplement mais je suis convaincu que vous l’avez fait déjà, tout autant que vous savez que mon casier judiciaire est aussi vierge que celui de mon frère. Célibataire et sans enfants et sans aucune envie de changer cela.

Le Brock, qui allait sur son quatrième divorce, ne trouva rien à redire de cette conviction si personnelle.

Vous semblez être un homme très sûr de vous, mon cher Jack.

Je ne vois pas pourquoi ne pas l’être, riposta t’il, sans sourire.

Bien sûr que non, reprit l’autre, ravi, mais on dit que vous êtes assez nerveux ?

Pas plus que vous qui n’arrêtez pas de bouger sur place.

Nick lui décocha un regard aigu, qu’il ignora vertement. Face à lui, miss Miller se contentait d’écouter et observer.

Et puisqu’on a touché le thème des phobies…en souffrez vous, Jack ?

Quand il s’adressait à Nick, il disait Mr. McKenna, pourquoi se prenait il la liberté de l’appeler par son prénom, lui ?

Il se laisserait écorcher vivant avant de reconnaître avoir sainte horreur des crocodiles et des pyramides. Bien que se trouvant en Égypte il ne courait pas trop le risque d’en croiser un ou d’en voir une…enfin, il l’espérait de tout cœur.

Pas que je sache !, admit il, sans ciller.

Vraiment ?...Tous avons peur de quelque chose…

Mr. Le Brock…si vous voulez mon profil psychologique, je vous recommanderai de vous adresser à notre médecin.

Vous êtes constamment sur vos gardes ?

Avec quelqu’un comme vous, vaut mieux être à la défensive.

Judicieusement, Le Brock préféra en finir là. Ils se réunirent de nouveau pour le dîner, qui se passa sans aucune surprise. Isabel Miller se tenait à très prudente distance, bavardant beaucoup avec Nick avec qui elle semblait bien s’entendre. Leur hôte ne chercha pas de conversation avec lui, le jugeant, sans doute, à peine plus abordable qu’un scorpion. Il put tranquillement sortir à la terrasse, respirer l’air marin, sans avoir à faire d’effort pour se montrer civilisé.

Le lendemain, on leur annonça que Le Brock avait dû se rendre sur le chantier de son hôtel et qu’il y resterait toute la journée. Bon débarras. Ils avaient ce petit monde de confort et loisirs pour eux tout seuls…la mer tentante, jet ski, hors-bord, équipe de plongée, de quoi satisfaire le plus exigeant. Bien entendu, aucun de ces plaisirs ne pouvait être partagé par la demoiselle présente. Jouer au tennis sous ce soleil de plomb n’avait rien de trop engageant, resta perdre le temps poliment en bavardant à bâtons rompus, à bonne distance de l’eau.

Une parfaite entente régnait entre eux. Isabel avait une conversation prenante, femme intelligente, avec de larges horizons, la miss en avait vu, du monde, elle pouvait aborder n’importe quel thème, se montrer sérieuse ou très amusante, selon la circonstance. Elle en avait marre d’être traitée comme un objet fragile par des parents trop protecteurs et avait préféré donner à sa vie d’autres perspectives et prouver à tout le monde de quoi elle était capable.

Comme nous rafler l’affaire de l’hôtel ?, voulut savoir Jack.

Elle reconnut, sans ambages, que celle là était bien son intention.

C’est sans doute très impoli de ma part…mais tu peux toujours rêver !

La miss s’en défendit bien.

Il y a trop d’eau aux alentours, reconnais le…à moins de faire quelque chose avec ta phobie…le stress finira par t’avoir !

Elle lui rit au nez. Pas à dire il était en train de beaucoup s’amuser en la taquinant de la sorte. Un domestique se présenta en disant qu’il y avait un appel pour Nick et celui-ci le suivit.

C’est le moment que choisit un gentil toutou pour entrer en scène. Il s’agissait d’un jeune labrador d’humeur enjouée. Il devait s’ennuyer car en les découvrant là, jappa allègrement en gambadant autour d’eux. La bestiole était sans doute une habituée de la maison car il ne se passa pas cinq minutes avant de voir le toutou revenir avec un frisbee.

Celui là sait ce qu’il veut !, rit Jack en prenant l’objet et le lançant.

S’en suivit une joyeuse course pour rattraper le frisbee avec grand style. Le chien s’en donnait à cœur joie, Jack idem…Miss Miller voulut essayer…

Ils ressemblaient à des gosses en récréation mais il aurait fallu compter avec la maladresse de la jeune femme pour se débrouiller convenablement avec ses pieds…

Attention…tu es trop au bord de…

Emportée par son bel élan, la miss venait de piquer une belle tête…dans la piscine, suivie du chien qui jurait qu’on continuait à jouer. Pas question de la laisser se noyer si bêtement, car c’était exactement ce qu’elle envisageait de faire. Jack plongea à son tour et la rattrapa quand elle coulait comme une pierre. Terrorisée, elle hurlait en arrivant à la surface, avalant son paquet d’eau, bien entendu, ce qui n’arrangea en rien sa crise de panique…S’accrochant à lui comme à une bouée, elle allait finir par le noyer.

Bon sang, calme toi !!! Tu ne vas pas…Calme toi !!!

Et de hurler comme une dingue alors il appliqua le bon vieux remède contre les crises d’hystérie…Une belle paire de baffes…Elle resta, la bouche ouverte, décontenancée part tant de brutalité mais miraculeusement calmée.

Désolé mais tu allais me faire couler…Tiens, Nick, qu’est ce que tu fais là ?

Évidemment, le voyer gifler la demoiselle lui avait semblé un peu étrange.

Vous allez m'expliquer ce que vous faites là, tous les deux?

Miss Miller est tombée à l’eau…en lançant le frisbee au chien !...

Il venait de se rendre compte que la miss était très tranquille, qu’il la soutenait et qu’aucune catastrophe électrifiée ne s’était produite.

On fait des progrès…tu vois bien, l’eau...pas si mauvais que ça ! Entre Nick et moi on pourrait t’apprendre à nager, comme ça tu n’aurais plus peur…et tu trouveras que la vie est bien plus plaisante…

Elle n’en semblait pas plus convaincue que ça, force fut de la raccompagner en lieu sec…mais à peine avaient ils quitté l’eau la vilaine sensation de froid reparut.
À Nick de s’occuper de la belle, lui alla s’asseoir en plein soleil pour se réchauffer.

En fin d’après midi Le Brock revint tout content, tout marchait à merveille à son hôtel.

À ce train là, tout sera parfaitement en place pour l’inauguration, la semaine prochaine…mais je pense que cela vous ferait plaisir d’y aller dîner ce soir.

Tous agréèrent l’invitation…Mais à peine passée l’entrée du somptueux hôtel, Jack eut l’assurance que tout allait mal…très mal…

La décoration des lieux était celle du palais d’un pharaon. Le détail avait été soigneusement calculé pour donner au nouvel arrivant la sensation de reculer dans les siècles…Rien n’avait été oublié…même pas la reproduction de la pyramide dans le parc…ni le profond bassin où frétillaient quelques crocodiles au regard goulu…

Sors moi de là !, pria t’il à son frère, maintenant…

Il était soudain atrocement pâle et Le Brock ne manqua pas de le remarquer.

Vous vous sentez bien, Jack ? Quelque chose vous incommode ?,il sourit, retors, ne me dites pas que…les crocodiles vous gênent?

Pendant un instant, Jack le fixa intensément… ce n’était pas Jason Le Brock qu’il voyait, un visage d’autre temps se superposait au sien…un visage dont le sourire, triomphant, signait sa perte…Il aurait dû le tuer jadis mais c’était lui qui avait fini…comme pâture de saurien.

Jack…Seigneur vous êtes décomposé, vous n’allez pas faire le numéro de tomber dans les vapes, non ?

Oh non ! Il n’allait pas lui donner cette satisfaction. Se forçant à sourire et à respirer convenablement, il se pencha pour regarder les crocodiles.

Vous en avez des idées…le décor m’a surpris un peu, c’est tout…entre nous, je considère d’assez mauvais goût de mettre un bassin avec des crocodiles…imaginez qu’un client y tombe…vous auriez pas mal de problèmes…et cette pyramide rompt la perspective.

Vous trouvez ?

J’en suis sûr…aucun pharaon respectable n’en avait une dans ses jardins…C’étaient leurs tombeaux pas des tumulus pour faire joli entre les palmiers !

Le Brock sembla assez perplexe face à tant d’assurance, il aurait pourtant juré que le jeune homme était à point de faire un malaise. Se promettant de réviser cela avec son architecte d’intérieurs, il guida ses invités vers un salon privé, avec vue sur la mer Rouge où on leur servit un somptueux dîner. Jack mangea peu et parla moins, il était tendu comme corde d’arc et son humeur morose finit par déteindre sur les autres convives. On se retira de bonne heure.

Arrivé à sa chambre, Jack se laissa tomber sur le lit… jamais auparavant il ne s’était senti si affolé, si perdu…et si mal!

Pour des révélations, ça en étaient, tout le monde dût passer par sa vie, ses angoisses, ses phobies et ses atouts. Nick parla à la suite d'Isabel, il avait deux ans de plus qu'elle et avait un doctorat en biologie marine, jamais la jeune femme n'aurait pu faire ce genre d'études,, même si cela devait être assez excitant de pouvoir examiner les animaux marins. Rien que de penser à l'océan, elle avait mal au cœur, enfin c'était assez normal.

Le jeune homme était également célibataire et n'avait jamais fait de zèle durant son adolescence.
Une question brûla les lèvres d'Isa, mais elle n'eut pas le temps de la formuler que Le Brock prit la parole :

Excusez ma curiosité, Mr. McKenna…vous et votre frère…je veux dire….vos n’êtes pas…

Leur hôte avait eut la même idée qu'elle, mais lui ne se gêna pas de le demander directement, au moins la miss aurait eut plus de tact dans ces paroles, mais c'était trop tard, donc Nick expliqua tout en regardant son frère.

Jack et moi avons eu le même père, Philip McKenna, vous le connaissiez bien, Mr.Le Brock. Par un hasard douteux, nous sommes nés le même jour, la même année, au même hôpital. Tout le monde le sait et on n’en fait aucun mystère.

Donc c'était ça, les deux frères étaient donc des demi-frères, c'est pour cela qu'ils ne se ressemblaient en rien, de la couleur des cheveux aux yeux, un blond et un châtain, une belle brochette de bel hommes tout de même...
Isabel écouta le reste de la conversation entre Nick et Le Brock qui se faisait un plaisir de le titiller, sur son âge et le reste, elle était beaucoup plus jeune qu'eux et Le Brock ne le lui avait nullement reprocher, donc, l'homme n'appréciait pas beaucoup les deux frères, ce qui était un point positif pour la demoiselle.
Jack se présenta également, il n'aimait pas tellement les questions pertinentes et agaçantes de Le Brock, il ne se laissa pas démonter et répondit du tac au tac, la jeune femme commençait à apprécier les deux frangins, ils avaient tout deux du tempérament, un peu comme elle.
Jack n'avait pas de phobies, du moins c'est ce qu'il raconta, car Isabel n'était pas née de la dernière pluie, elle sentait que le jeune homme cachait quelque chose, mais c'était son droit de ne rien dire.

La conversation terminée, Isabel était contente, avec ce qu'elle venait d'entendre, elle pourrait sans doute remporter l'affaire qui les avait menés ici même en Égypte. Le dîner du soir se passa très bien. Elle discuta beaucoup avec Nick qui était de très agréable compagnie, Jack, lui ne desserra presque pas les lèvres et resta même à distance de la jeune demoiselle.

Le lendemain avec l'absence de Le Brock, les trois jeunes gens restèrent donc seuls, Isabel voyait bien que les McKenna voulaient aller faire de la plonger ou autre activité sous-marine, mais ils étaient assez courtois pour rester avec elle sur la terrasse au bord de la piscine.
Isabel s'était installée dans un transat en tenue très légère, car le soleil tapait fort et la chaleur étouffante, avec ses lunettes de soleil sur le nez elle se délecta des délices de cet endroit, c'était vraiment très beau. Se relaxant tranquillement, elle entendit des voix provenir de l'intérieur, les deux frères étaient levés eux aussi et approchaient de la miss, elle se leva et les salua puis ils commencèrent à discuter de tout et de rien, elle raconta son enfance, des parents trop envahissant, donc dés qu'elle eut l'âge de partir, elle ne s'en priva pas.

J'adore relever les défis et vivre des aventures inédites !!

Comme nous rafler l’affaire de l’hôtel ?, déclara Jack.

Et bien oui, je n'aima pas perdre et je prouverai à tous que je suis la meilleure !!

C’est sans doute très impoli de ma part…mais tu peux toujours rêver !

Les rêves ne sont pas pour moi, j'aime le concret et je ferai tout ce qui en mon pouvoir pour avoir cette affaire et ce n'est ni ton frère, ni toi qui me font peur...

Il y a trop d’eau aux alentours, reconnais le…

C'est vrai, mais c'est ainsi.

À moins de faire quelque chose avec ta phobie…

Mais je vais très bien et si j'ai besoin d'aide je ne pense pas que je ferai appel à toi !! *Na ! Prends ça dans les dents et puis je suis certaine que tu serais capable de me laisser couler comme une pierre.*

Le stress finira par t’avoir !

C'est toi qui le dit...

Non, mais pour qui il se prenait celui-là, au départ Isabel l'appréciait, mais là il commençait à l'agacer grave. C'est à ce moment que Nick dût partir prendre un appel téléphonique laissant les deux autres seuls.
Isabel ne savait plus quoi dire, elle cherchait une idée de conversation qui serait autre que sa phobie de l'eau, mais à peine eut-elle trouver qu'un chiot apparut devant eux la queue frétillante, il avait l'air joyeux et tout fou.
Jack et l'animal jouaient ensemble, le jeune homme lançait le frisbee et le toutou allait le chercher, c'était très amusant à voir, la jeune femme voulait aussi essayer, elle se leva et tendit la main pour prendre l'objet à Jack.

A moi, à présent, tu n'es pas le seul à vouloir jouer avec ce petit chiot....

Le jeune homme n'y voyait aucun inconvénient et la laissa faire, mais la belle en lançant le frisbee ne vit pas qu'elle se rapprochait inévitablement du bord de la piscine, elle recula de plus en plus pour prendre un peu d'élan. Ses pieds se prirent dans quelque chose et elle eut juste le temps d'entendre Jack lui dire :

Attention…tu es trop au bord de…

Et plouf! elle se retrouva entouré d'eau, la pire chose qui puisse lui arriver, elle ne savait plus quoi faire, son corps ne lui répondant plus, elle se sentait partir. L'eau l'avait complètement envahie, de la tête au pieds, elle ne voyait plus la surface et savait que son heure était arrivée, elle allait mourir....
Une vision d'horreur vint à son esprit, elle était entourée de deux autres femmes, ses amies et elles étaient toutes trois en train de nager pour sauver leurs vies, mais c'était peine perdue, les crocodiles étaient déjà là et attendaient de pouvoir faire un bon repas de cette tendre chair. Mésyt n'eut pas le temps de voir un croco l'attraper qu'elle se noya.

De l'eau entra dans ses poumons et elle ne pouvait plus respirer, elle hurla autant que possible, mais personne ne l'entendait, du moins c'est ce qu'elle pensait car elle n'était plus avec des crocodiles mais bien avec Jack qui tentait de la sauver de la noyade, ses bras puissant la ramenèrent à la surface, paniquée comme jamais, elle cria fort et se débâtit comme une lionne en cage.

Bon sang, calme toi !!! Tu ne vas pas…Calme toi !!!

Rien à faire, même les paroles du jeune homme ne firent partir la peur à la demoiselle qui continuait inlassablement de s'agiter, ce qui la calma furent les baffes que Jack lui appliqua sur les joues, elle se sentait bête tout à coup et arrêta net de se débattre et de crier à tout va.

Désolé mais tu allais me faire couler…Tiens, Nick, qu’est ce que tu fais là ?

Encore sous le choc, la miss ne remarqua même pas que Nick était revenu et demandait ce qui se passait. Elle regardait tour à tour les deux frangins et se rendit compte qu'elle flottait et non, ne coulait comme à son habitude, mais ce qui la surprit au plus haut point c'est que Jack la tenant toujours aucun frisson ne l'assaillait comme auparavant, c'était très bizarre.
Les deux jeunes gens se trouvaient au milieu de la piscine et Isabel se sentait bien. Nick était là aussi, habillé et mouillé, il aida Jack à la soutenir pour rejoindre le bord. La blond prit ensuite la parole :

On fait des progrès…

Des progrès ?

Tu vois bien, l’eau...pas si mauvais que ça !

Ah oui.

Entre Nick et moi on pourrait t’apprendre à nager, comme ça tu n’aurais plus peur…et tu trouveras que la vie est bien plus plaisante…

Peut-être, je ne sais pas, je ne suis pas un poisson, plutôt une grosse pierre.

Arrivés au bord de la piscine, Jack aida Isabel à monter à l'échelle, mais dés qu'elle sortit de l'eau et que Jack ne l'avait pas lâchée, elle ressentit cette sensation de froid intense qui s'engouffra dans tout son être, le jeune homme la lâcha d'un coup et la confia à Nick qui l'aida à rentrer et l'amena à sa chambre. Elle était gelée jusqu'aux os. Passant un peignoir sur elle , elle se tourna vers le grand brun.

Je suis si maladroite parfois..... Je suis navrée de vous avoir causé ses ennuis, mais dés que l'eau m'envahit, j'ai l'impression d'étouffer.... Je sais que toi et ton frère voulaient m'aider, mais je ne sais pas si je serai capable de surmonter ma peur.... Oui, tu as raison j'aime relever les défis, mais celui-ci est trop gros pour moi..... D'accord, tu m'as convaincue, je vais apprendre à nager..... Merci beaucoup. Il faudrait que tu te sèches et te changes, je voudrais pas que tu prennes froid à cause de moi.

Remise de ces émotions, Isabel avait rejoint les deux frères qui discutaient doucement. Sûrement en train de faire un planning sur lequel des deux allaient commencer à lui apprendre à nager.
Le Brock revint en fin d'après-midi souriant, il était fier de son nouvel hôtel qui était bientôt terminé, il voulait inviter les trois jeunes gens le soir même pour leur faire visiter sa merveille et dîner las-bas.
Acceptant avec joie, ils partirent donc en direction de cet hôtel, c'était vraiment très beau, magnifique même, on aurait dit un ancien palais des pharaons, tout y étaient, des colonne, une mini pyramide au milieu du parc et aussi un bassin rempli des quelques bestioles, dont la jeune femme ne s'approcha même pas.
Jack en faisait une tête, on aurait dit qu'il avait vu un fantôme ou autre, il était livide. Isabel ne se sentait pas très bien non plus, comme si cet endroit lui rappelait quelque chose sans pouvoir dire quoi. Elle ne se laissa pas démonter et pensa à autre chose pour que son mal-être s'en aille.
Mais ça allait en empirant quand elle entendit le mot crocodile. Elle tenta de suivre la conversation entre Jack et Le Brock.

Jack…Seigneur vous êtes décomposé, vous n’allez pas faire le numéro de tomber dans les vapes, non ?

Vous en avez des idées…le décor m’a surpris un peu, c’est tout…entre nous, je considère d’assez mauvais goût de mettre un bassin avec des crocodiles…imaginez qu’un client y tombe…vous auriez pas mal de problèmes…et cette pyramide rompt la perspective.

Vous trouvez ?

J’en suis sûr…aucun pharaon respectable n’en avait une dans ses jardins…C’étaient leurs tombeaux pas des tumulus pour faire joli entre les palmiers !

Isabel se racla la gorge pour se faire remarquer et dit :

Je ne suis jamais venue en Égypte, mais ce que dit Jack n'est pas faux, je pense que ce bassin à crocodiles est assez dangereux, par contre j'aime beaucoup la pyramide au milieu du parc, ça rend vraiment très bien.

Jack lui lança un regard noir, il devait se demander de quoi elle se mêlait cette bonne femme, mais Isabel était comme ça, impulsive et très bavarde, peut-être même un peu trop. Le repas se déroula dans le calme, Jack ne parla guère, comme à son habitude et Le Brock essayait de mettre en boîte Nick, quant à elle, elle n'eut pas le temps de s'ennuyer, Le propriétaire des lieux l'interrogea aussi.

Miss Miller, je sais que cela ne fait pas longtemps que vous êtes dans les affaires.... Mais j'ai quand même une question à vous poser.

C'est vrai, je ne suis pas dans le "circuit" depuis longtemps, mais je sais me débrouiller et je me suis déjà fait connaître.... Alors vous pouvez me poser autant de questions qu'il vous plaira, je me ferai un plaisir d'y répondre.

Voilà, pourquoi vouloir faire d'une plantation un hôtel de luxe ? et surtout d'où vous est venue cette idée ?

Oh, c'est une histoire un peu bête, quand j'ai visité le site internet de Honolulu, j'ai remarqué qu'il n'y avait pas d'hôtel de Luxe avec spa, courts de tennis et pleins d'autres chose qui serait très agréable pour les clients. Des divertissement qui serait sur place au lieu de faire des kilomètres afin de se faire plaisir, j'ai même prévu beaucoup d'autres choses, mais je ne crois pas que ce soit l'endroit idéal pour parler de ça.

Nick et Jack l'écoutaient avec attention, elle ne voulait pas que cette affaire lui soit raflée par eux, même si ils étaient très sympathiques, les affaires étaient les affaires et rien ne changerait ça. Le Brock comprit de suite que la miss ne voulait pas en parler ici, donc il changea de sujet et la soirée se déroula tranquillement.

Une fois le repas terminé, tout le monde rentra, la fatigue se faisait sentir, après une bonne douche, Isabel alla se coucher, son lit lui tendait les bras. Un rêve bizarre s'empara d'elle, elle se trouvait en compagnie d'un homme, il lui disait des mots doux, des mots d'amour, que jamais ne les sépareraient, ni la distance et ni la mort, qu'ils se retrouveraient toujours et s'appartiendraient pour l'éternité. La seule image qui restait de cet homme était ses yeux d'un bleu si profond que même la mer en serait jalouse, mais son rêve devenait cauchemar, à chaque fois que son aimé l'étreignait elle se faisait dévorer par des lions ou juste après se faisait brûler sur un bûcher, les flammes lui léchaient la peau, elle avait l'impression de les sentir, une autre fois, elle se sentait la corde lui tordre le cou. C'était vraiment affreux.
Ce qui l'était encore plus était ce cri, un cri d'homme, comme si on était en train de le torturer à mort, de le déchiqueter, Isabel ouvrit les yeux et les hurlements étaient toujours présents, elle se leva d'un bond, enfila une robe de chambre et sortit dans le couloir. Là juste en face de la pièce une autre était ouverte et c'est de là que provenait les cris, la jeune femme poussa le panneau déjà bien ouvert et découvrit, Jack allongé sur son lit, en sueur et en transe, Nick était déjà sur place et tentait en vain de le réveiller, mais rien ni fit. Le Brock arriva juste derrière la demoiselle et regarda tour à tour les présents.

Mais que ce passe t-il ici ??

Nick expliqua que Jack parlait en dormant, mais Isabel se doutait bien que c'était autre chose, elle n'osa rien dire devant Le Brock qui était un peu bizarre lui aussi face à ce qui se déroulait sous ses yeux. Leur hôte s'en alla sans rien dire d'autre en laissant ses convives seuls.
Miss Miller s'approcha du lit où le grand blond était en train de se débattre comme un dingue, on aurait dit qu'il se battait contre une horde de monstres assoiffés de sang, elle regarda ensuite Nick.

Je crois que rien ne pourra le réveiller, il me faudrait une bassine d'eau et une serviette pour lui éponger le front, c'est la seule chose à faire, va me chercher tout ceci le temps que je garde un œil sur lui...

Peu après la demoiselle, assise sur le bord du lit, épongeait le front de Jack pendant que Nick lui parlait des cauchemars de son frère, c'était assez étrange de faire ce genre de rêves surtout qu'elle aussi en faisaient de temps à autre, mais elle n'en dit rien au jeune homme qui était fou d'inquiétude pour son frangin.

Va tu reposer, je vais veiller sur lui pendant quelques heures, tu reviendras prendre la relève.... Mais non cela ne me dérange pas, vous m'avez sauvé la vie aujourd'hui, alors à moi de veiller sur vous maintenant.

Après la disparation de Nick dans sa chambre, Isabel se retrouva seule avec Jack, elle remarqua que dés que l'eau était en contact avec eux aucune réfrigération ne se produisait, donc elle faisait bien attention de ne pas toucher le bel homme peau à peau.
Elle le rassura aussi de ses douces paroles pour tenter de la calmer un peu.

Jack.... Jack, tu n'es pas seul, je sais que ce que tu vois te fais peur au plus haut point, mais ce n'est pas la réalité, écoute le son de ma voix, je suis là, à tes côtés, rien ne va te dévorer, personne ne te fera de mal....

A croire que ces mots l'avaient apaisé, car au bout de quelques minutes, le jeune homme se calma et cessa de s'agiter, il était en sueur et fiévreux, Isabel continuait toujours à mouiller le front brûlant de son sauveur, mais la fatigue prit le dessus et elle s'endormit.

Pourquoi la miss se sentait soudain si triste, comme si son cœur se brisait en un millier de petits morceaux ? Elle ouvrit les yeux et s'aperçut qu'elle était allongé dans un lit, mais ce n'était pas le sien et juste à côté d'elle le lit était vide. Elle se leva et regarda où elle se trouvait, tout lui revint d'un coup, Jack, le cauchemar, l'aide qu'elle lui avait apporté,mais oui c'était cela, elle s'était endormie et se trouvait donc dans le lit du jeune homme, mais lui où était-il ? Bon pour le moment si il n'était pas là c'est qu'il allait mieux et devait en ce moment même se trouver dans la salle à manger en train de prendre un bon petit déjeuner. Isabel se leva donc et alla rejoindre sa chambre pour prendre une bonne douche et s'habiller. un fois prête elle se présenta dans le petit salon pour prendre un café et une tartine, puis cherchant quelqu'un dans cette demeure, elle ne tarda pas à trouver les deux frères sur la terrasse, tout deux habillé en combinaison de plongée.

Bonjour, Messieurs, alors vous allez profiter des merveilles des profondeurs marines ?.... Quoi une combinaison pour moi ? Mais..... mais, je ne sais pas..... Oui c'est vrai que je vous fais confiance, mais vous ne pensez pas que c'est un peu prématuré ?

La miss n'avait pas le choix, vu que Le Brock n'était pas encore disponible en cette matinée, elle devait suivre les deux frangin dans un périple un peu fou.

Moldu Messages : 77 Gallions : 25692 Date d'inscription : 25/04/2010

L’épisode de la piscine avait donné de quoi réfléchir à Nick. L’étrange réaction observée quand ces deux là se touchaient semblait avoir disparu tant qu’ils restaient dans l’eau, aussitôt hors de cet élément, ça recommençait, à lui de se charger de la belle, transie. Pas à dire, Jack la refroidissait rien qu’en lui posant un doigt dessus. Miss Miller était, sans doute, la seule femme au monde à réagir de la sorte au charme de Jack. Nick, lui, n’avait rien de quoi se plaindre. Elle claquait pratiquement des dents, en arrivant à sa chambre et il devinait qu’il n’y avait pas que le contact de Jack qui l’avait mise dans cet état, se retrouver au milieu de la piscine ne la rendait sûrement pas folle de joie.

Ce n’a pas été une expérience trop plaisante, tantôt…mais tout va bien maintenant…tu …

Elle ne le laissa pas poursuivre, assez mitigée, en serrant les pans de son peignoir contre son corps, la miss reconnut :

Je suis si maladroite parfois...

On peut tous l’être, t’en fais pas pour ça.

Je suis navrée de vous avoir causé ses ennuis, mais dés que l'eau m'envahit, j'ai l'impression d'étouffer...

Nick se passa la main dans ses cheveux dégoulinants et sourit, contrit :

Euh…réaction assez normale si on pense être en train de se noyer. Mais tu as bien vu, tout à l’heure, tu étais déjà plus tranquille tout en étant dans l’eau.

À d’autres avec ça !

Je sais que toi et ton frère voulaient m'aider, mais je ne sais pas si je serai capable de surmonter ma peur.

Nick soupira, sans trop savoir pourquoi, il lui semblait impératif convaincre la belle d’oublier ses craintes.

Tu as dit tout à l’heure que les défis te tenaient à cœur…prends ça comme en étant un…Un défi avec toi-même.

Oui, tu as raison j'aime relever les défis, mais celui-ci est trop gros pour moi.

Miss Miller ne se laissait pas amadouer facilement, sa phobie à l’eau était digne d’étude…par un psy et lui, n’en était pas un, ce qui ne le rendait pas moins têtu pour autant.

Écoute, pas que je veuille te brusquer ni te tourmenter avec ça, mais il y a des choses dans la vie qu’on doit affronter. Si tu tiens à t’établir un temps à Hawaii, parce que je pense que c’est ton intention, tu te rendras vite compte qu’on est toujours très près de l’eau, c’est un élément primordial pour nous. On passe beaucoup de temps dans l’eau, près de l’eau…sur l’eau. Tu me diras, si ce ne serait pas dommage que tu rates une bonne affaire seulement parce que tu as trop la trouille de faire une balade en mer à bord d’un yacht.

Mais qu’est ce qu’il lui prenait à jouer l’âme généreuse avec cette fille qui ne cillerait pas à leur piquer sous le nez l’affaire dont ils rêvaient ? La laisser à ses peurs et s’en moquer aurait été le plus rationnel à faire mais non…ces yeux magnifiques faisaient leur effet, tout autant que son sourire éclatant…

*Tu es un idiot, McKenna !*

Un idiot très convaincant en tout cas, compte tenu de sa réponse.

D'accord, tu m'as convaincue, je vais apprendre à nager..... Merci beaucoup. Il faudrait que tu te sèches et te changes, je ne voudrais pas que tu prennes froid à cause de moi.

Qu’elle était gentille ! Comme s’il allait s’enrhumer pour si peu. Il la laissa se changer et alla en faire autant avant d’aller retrouver Jack.

Il était resté à se griller en plein soleil et semblait perdu en quelque pénible réflexion.

Alors, mon vieux ? Ça marche pas trop bien, hein ?...Je comprends rien de ce qui se passe avec la petite Miller… Ah bon, toi non plus…M’enfin…Tu sais, j’ai réussi à la convaincre d’apprendre à nager !...Pourquoi ?...J’en sais rien. Que si elle me plaît ? Euh…serais bien difficile si non, tu ne crois pas ? Me dis pas que tu ne l’as pas bien regardée…

Bien sûr, Jack avait d’autres préoccupations avec la miss que d’admirer ses beaux yeux ou ses courbes splendides. Éviter de se prendre une décharge glaciale et douloureuse, était sa priorité absolue même si ça ne se passait pas exactement comme voulu.

Qu’est ce que tu penses ? On l’emmène faire un peu de plongée ? Se mouvoir dans l’eau sans s’étouffer peut la rassurer…à ton avis ?...Après on pourra lui apprendre les rudiments de la natation…

Jack ne semblait pas raffoler de l’idée mais s’y plia quand même. Ils en discutaient encore quand la miss les rejoignit.

Le retour de Le Brock mit fin à l’harmonie régnante. Cet homme avait le don d’énerver son entourage avec son babil débile, la plupart du temps ou avec ses remarques soudain d’un aigu déconcertant qui mettait tout le monde mal à l’aise. Jack semblait être devenu sa cible de prédilection. Très enjoué, il les invita à connaître son hôtel et à y dîner. Jusque là tout allait sur des roulettes mais à peine arrivés sur les lieux, Nick fut conscient du malaise qui investissait son frère. Lé décor remémorait avec assez de fidélité un palais de pharaon. Il le jugea d’un goût un peu douteux et assez tape à l’œil, le luxe débordait de toutes parts et les détails à « l’ancienne » ne manquaient pas…De quoi combler de bonheur les touristes fortunés qui ne s’arrêteraient pas à juger les détails discordants, seul l’ensemble comptait et pour les effets, c’était réussi. Surtout, le fameux bassin aux crocodiles…

Jack était blême à en faire peur et il craignit de le voir tourner de l’œil.

Sors moi de là ! Maintenant…

Nick se disposait à trouver une excuse quelconque pour lui faire plaisir mais Le Brock intervint, insidieux.

Vous vous sentez bien, Jack ? Quelque chose vous incommode ? Ne me dites pas que…les crocodiles vous gênent?

Il eut envie de frapper le gros bonhomme qui semblait se repaître du malaise évident de son frère, mais contre toute attente, celui-ci se reprenait…s’il continuait d’être blême, en ce moment c’était d’un rage mal contenue, ça, Nick aurait pu le jurer. Le Brock, continua sur la lancée, comme si rien, railleur.

Jack…Seigneur vous êtes décomposé, vous n’allez pas faire le numéro de tomber dans les vapes, non ?

Vous en avez des idées…le décor m’a surpris un peu, c’est tout…

Et d’une tirade mettre à terre toute la logique de ce décor stupide. Le bassin était ridicule et dangereux, la pyramide, déplacée et hors perspective. Manqua qu’il discute en érudit sur la signification erronée de certains hiéroglyphes habilement reproduits. Le Brock sembla un peu embarrassé par ces remarques, faites sans aucune considération mais joua les hôtes parfaits.

Miss Miller fit un commentaire appelé à rester dans les bonnes grâces de Le Brock qui agréa, bien entendu, avoir pour le moins quelqu’un de son avis.

Et vous, mon cher Nicholas, quel est votre opinion sur tout ceci ?

Il détestait qu’on l’appelle ainsi.

Je ne suis aucun expert en égyptologie, Jason, mais je me range de l’avis de mon frère…ces bestioles là, sont d’un réalisme cinématographique…jadis, d’autant que je sache, on n’entretenait pas les crocodiles en bassin, pas en Egypte du moins…il y en avait assez sur les berges du Nil. Et rien de plus vrai que ce que Jack dit sur la pyramide, n’en déplaise à Miss Miller qui, en bonne californienne, a des idées très Hollywood, sur l’histoire ancienne.

Miss California fit semblant de ne rien avoir entendu mais Le Brock tordit le geste.

Et vous vous considérez comme un connaisseur en la matière ?

Nick se contenta d’un sourire bon enfant.

Je suis déjà venu en Égypte et on me tient pour un type assez instruit, c’est tout !

*Prends en pour ton compte, vieux plouc !*

Vous m’étonnez, qui l’eut dit ? À part que vous êtes très avisé en affaires, au plus ce que j’ai entendu de votre frère et vous est que vous êtes d’excellents surfeurs.

Autant que je sache, Le Brock, une chose n’empêche pas l’autre. Pas tous les sportifs ne sont stupides…ni tous ceux qui ne le sont pas, sont des génies ! Parce que d’autant que je sache, moi aussi je me renseigne, voyez vous, vous n’avez aucune étude académique…disons le platement, vous êtes un homme qui a su se forger à pointe d’effort et assez de chance *et ça pour pas dire que pas mal d’affaires louches !*…donc, laissons l’érudition de chacun de côté et parlons de ce pourquoi nous sommes là.

Direct au point. Jack profitait de cet interlude agressif pour reprendre des couleurs et sa pire humeur. La soirée promettait.

Passant à table, leur hôte reporta un moment toute son attention sur Miss Miller, qu’il traitait avec énorme déférence. On se serait cru à un programme de TV mémère, où la jolie fille emporte le palmarès juste parce qu’elle a des jambes époustouflantes.

Pourquoi vouloir faire d'une plantation un hôtel de luxe ? Et surtout d'où vous est venue cette idée ?

Manquait qu’elle avoue avoir fait un rêve. Son explication fut assez édifiante sur son ignorance flagrante de la réalité :

Oh, c'est une histoire un peu bête, quand j'ai visité le site internet de Honolulu, j'ai remarqué qu'il n'y avait pas d'hôtel de Luxe avec spa, courts de tennis et plein d'autres choses qui seraient très agréables pour les clients. Des divertissement qui serait sur place au lieu de faire des kilomètres afin de se faire plaisir, j'ai même prévu beaucoup d'autres choses, mais je ne crois pas que ce soit l'endroit idéal pour parler de ça.

Là, Nick ne tint plus en place. Jack lui, ruminait méchamment.

Je ne voudrais pas jouer les troubles rêves, ma chère Isabel…mais des hôtels de luxe, avec spa et plein de magnifiques agréments pour la clientèle, ne manquent pas dans notre coin de monde. Avant de te lancer dans ces affirmations tu aurais dû faire une exhaustive étude du marché local… Mais si tu ne veux pas continuer sur le thème et bien…parlons d’autre chose.

Le Brock resta sur sa faim de connaître les raisons des McKenna et le reste du repas se déroula tranquillement. Nick ne quittait pas son frère de l’œil tout en bavardant avec Isabel. Jack était morose, et on ne tira pas de lui que l’indispensable.

Que Jack fasse un de ses cauchemars ne l’étonna guère. Connaissant l’horreur que son frère éprouvait pour crocodiles et pyramides, le contraire aurait été surprenant. Sauf que cette fois, Jack était vraiment malade. Il se débattait au creux d’un délire fiévreux, s’étouffant d’une angoisse innommable. Nick essaya de le réveiller mais cela s’avérait impossible. Un chahut de tous les diables mais le pire était que Jack parlait, très vite, en une langue que Nick n’avait entendue de sa vie…

Calme toi, bon sang…JACK !!!

Avec un boucan pareil, rien d’étonnant qu’Isabel arrive à la rescousse, suivie de près par un Le Brock, alarmé , croyant qu’on égorgeait ses invités.

Mais que se passe t’il ici !?

Nick alla au devant de lui.

Je vous prie d’excuser Jack…mais il a la mauvaise habitude d’être un dormeur bruyant. C’est assommant, il parle comme une pie…

Le Brock esquissa un geste de la main, l’inextricable baragouin du jeune homme semblait beaucoup attirer son attention.

Il semble faire un drôle de cauchemar plutôt…m’est avis…Ça lui prend souvent ?

Nick fronça les sourcils, en quoi cela pouvait le regarder ?

Ma foi, depuis toujours, mentit il tranquillement, sans trop savoir pourquoi, depuis qu’il est petit…surtout quand quelque chose l’énerve…et ce soir, il était de mauvaise humeur.

Ah bon, un gars très émotionnel, si on peut le dire ainsi.

Je dirais plutôt qu’un type avec un caractère de cochon et maintenant, Le Brock, si vous aviez la bonté de nous laisser seuls…Jack ne tardera pas à se calmer.

Ça et le mettre à la porte, la même chose. Une fois l’odieux bonhomme sorti, Nick retourna auprès de son frère qu’Isabel essayait de calmer, sans grand succès.

Il a souvent ces terribles cauchemars mais normalement on réussit à l’en tirer sans trop de problèmes.

Je crois que rien ne pourra le réveiller, il me faudrait une bassine d'eau et une serviette pour lui éponger le front, c'est la seule chose à faire, va me chercher tout ceci le temps que je garde un œil sur lui.

Il s’acquitta à la troisième vitesse et en revenant observa, presque attendri la façon dont s’y prenait la demoiselle pour éponger le front moite de Jack.

C’est très gentil de faire ça pour lui…mais je peux m’en occuper, Isabel…depuis le temps, j’en ai l’habitude mais…ça va de mal en pire. Je me fais une bile monstre pour lui…Personne ne peut trouver une explication rationnelle à ce qui lui arrive…J’ai parfois peur qu’il ne soit en train de perdre la boule pour de bon…

La proposition de la jeune femme le prit de court :

Va tu reposer, je vais veiller sur lui pendant quelques heures, tu reviendras prendre la relève.

Mais non, voyons…pas question de te déranger…laisse…

Mais non cela ne me dérange pas, vous m'avez sauvé la vie aujourd'hui, alors à moi de veiller sur vous maintenant.

Te sauver la vie ? En voilà des grands mots…mais enfin, si tu insistes…

Sans savoir trop bien que penser, il retourna dans sa chambre doutant beaucoup de pouvoir dormir. Il passa deux heures à se retourner dans son lit et enfin, n’y tenant plus, se leva et alla voir que devenaient Jack et son infirmière de fortune. Les trouver profondément endormis, chacun le plus éloigné que possible de l’autre lui tira un sourire.

*D’une façon ou d’une autre, ce brave gars s’arrange toujours pour les avoir dans son lit !*

Sortant sans faire de bruit il retourna dans son lit et s’endormit comme une souche jusqu’au lendemain de bonne heure.

Trouver Jack en train de prendre son petit déjeuner en solitaire le surprit.

Alors, ça va mieux ?...Oui, tu en as fait du boucan…drôle de nuit…et Isabel ?...Ah bon, ça t’a surpris de la trouver dans ton lit ?..Te fais pas d’illusions, mon pote, elle s’est contentée de te bassiner le front et veiller ton sommeil, qu’elle se soit endormie là ne veut rien dire…J’en suis sûr…en plus, jouer les imbuvables ne te fera pas gagner trop de sympathies…Allez, allons plutôt chercher des équipements de plongée…

Chose dite, chose faite. La perspective de passer quelques heures à explorer le monde sous marin du coin leur faisait oublier les désagréments de la veille…surtout que Le Brock ne donnait pas signe de vie.

Isabel ne tarda pas à faire son apparition.

Bonjour, Messieurs, alors vous allez profiter des merveilles des profondeurs marines ?

Pas nous tout seuls…tu viens avec nous, tout est prêt, tu n’as qu’a´passer ta combinaison. On t’explique en chemin.

Quoi une combinaison pour moi ? Mais...mais, je ne sais pas…

Tu apprendras vite, c’est pas sorcier…Tu pourrais avoir quand même un peu de confiance en nous, on est professionnels, nous…

Oui c'est vrai que je vous fais confiance, mais vous ne pensez pas que c'est un peu prématuré ?

Prématuré ? Et qu’est ce tu crois qu’on doit attendre ? Que tu le penses trois fois et ailles te cacher sous le lit ? Que non, ma belle…on y est…on y va !

Pas de marche arrière possible, avant qu’elle ne se dérobe, il l’avait prise du bras et l’entraînait gentiment. Elle était impactante en combinaison de plongée. La faire entrer dans l’eau fut une autre paire de manches. Seule, jamais de la vie. Alors Nick, plein de dévouement l’enlaça et entra dans la mer…Bien sûr, elle hurla comme si on l’égorgeait mais finit par se calmer. Jack se marrait pour de bon et finit par les rejoindre.

Expliqués les rudiments de l’art…On plongea…Toujours sans lâcher la main de la belle, ou le bras…ou la taille. Définitivement, Nick commençait à prendre un réel plaisir à jouer les profs…Jack, la diplomatie personnifiée, faisait cavalier seul, sans trop s’en plaindre…

…

Dans son somptueux bureau, Jason Le Brock, maintenait une intéressante conversation téléphonique. À

Oui…Oui, j’en suis sûr. C’est le blond, je l’ai vu hier…il a eu une transe très courte, je pense qu’il a eu une vision et puis…sa réaction face aux crocodiles…et encore ce cauchemar…Non, le frère n’a rien compris mais la fille…je n’en serais pas si sûr. Oui, elle aussi…je vous l’ai dit…Ils ne peuvent pas se toucher…Oui, deux d’un coup !...Quoi, à Louxor…deux autres ? C’est écrit, Hassan…les astres n’ont pas menti…ils ne le font jamais. Oui, ce sera fait. Tout sera fait comme prévu.

À quelques encablures de la côte, l'homme reçut l'ordre et fit coulisser le panneau qui ouvrait la cage, les deux requins de bonne taille, rendus fous force de décharges électriques et de faim, s’élancèrent furieusement vers la liberté, à la recherche d'une proie...

Sorcier Messages : 83 Gallions : 25699 Date d'inscription : 25/04/2010

Nuit en enfer ! C’était tout ce qu’il pouvait penser en ouvrant enfin les yeux…Il se sentait défait, éreinté, à peu près conscient d’avoir survécu à des heures sombres, desquelles il ne conservait qu’un souvenir flou, affreusement vague. Le cauchemar, cette fois avait été d’une bestialité éprouvante, pire que jamais auparavant…visages, noms, voix…douleur, trahison, mort. Éternelle quête, éternelle peine…Il l’avait perdue une fois et les siècles n’avaient pas été généreux…de combien de morts était il mort ? En la perdant toujours…

La lampe de chevet était restée allumée en veilleuse. Il mit un bon moment à réaliser ne pas être seul dans le lit. Isabel Miller dormait, en chien de fusil, à l’autre extrême. Il avait encore une compresse humide sur le front.

*Génial, mon vieux…tu vas de mieux en mieux…maintenant tout le monde sait que tu es dingue perdu !*

Agacé, Jack se leva, en faisant quand même attention de ne pas la réveiller. Prit une douche et après se mit en quête de son petit déjeuner. Un domestique aussi stylé que silencieux, acquitta tous ses désirs, qui n’étaient pas trop exigeants et s’effaça en le laissant jouir en paix de sa salade de fruits.

En apparaissant enfin, son frère sembla se surprendre de le trouver seul.

Alors, ça va mieux ?

Tout autant qu’on peut l’être. Ça…a été hier soir ?

Oui, tu en as fait du boucan…drôle de nuit…et Isabel ?

Jack se passa la main dans les cheveux en soupirant.

Elle dormait. Que diables faisait elle là ? Je me souviens pas de l’y avoir invitée.

Nick toujours aussi charmant et direct remit, vite fait, les pendules à l’heure. Miss Miller ne s’était trouvée dans son lit poussée par quelque fin ludique mais uniquement vaincue dans son apostolat pour le bien être de son prochain autrement dit…lui.

En plus, jouer les imbuvables ne te fera pas gagner trop de sympathies…

Suis imbuvable, moi ? Qu’est ce que tu veux que je fasse, si je suis chiche de la glacer jusqu’à l’os rien qu’en la touchant. En plus elle semble prendre beaucoup plus de plaisir à ta compagnie qu’à la mienne…Remarque ça ne me plaît pas du tout non plus me sentir malade comme un chien chaque fois qu’elle a la bonne idée d’être trop près…Le monde est plein de filles qui n’ont pas ce problème.

Mais pour une raison quelconque, qui lui était inconnue, cela le mettait presque de mauvaise humeur et tout cela pour dissimuler cette sensation de méchant chagrin qui lui vrillait le cœur.

Nick se rendit compte de quelque chose…comme toujours et préféra trancher l’affaire à sa façon.

Allez, allons plutôt chercher des équipements de plongée.

Tiens, Le Brock semblait se couper en quatre pour le bien être de ses invités. Les équipements étaient à leur disposition. Rien que ce qui avait de meilleur sur le marché. Jack et Nick révisèrent minutieusement chaque pièce et avaient déjà revêtu leurs combinaisons quand Isabel entra en scène, supposant qu’ils allaient partir en exploration sous marine, la laissant seule à jouir du soleil sur la terrasse. Nick se chargea de la mettre au courant du plan du jour, ce qui fut prés de l’épouvanter, elle voulut se récuser mais son frangin en mettait de l’entrain, pour la convaincre.

Allez, Nick a raison, tu n’as rien à craindre, on sait bien ce qu’on fait. Tu ne vas pas te noyer, il ne va t’arriver rien d’affreux…pense simplement que l’eau est l’élément primaire…après tout, tu as flotté dedans pendant neuf mois avant de naître…et je parie de tu ne criais pas au secours…allez !

Les laissant digèrer le discours il alla se préparer laissant à Nick le soin de donner des explications. Juste avant d’entrer dans l’eau, il se tourna vers Isabel.

Relâche toi et jouis du paysage !

Et pour un paysage sous marin celui là était assez saisissant, pour quelqu’un qui fait ses débuts. L’eau était claire, lumineuse, laissant découvrir une flore et une faune riche en couleurs et contrastes. C’était un vrai délice de se trouver là, loin de toute contrainte. Quand Jack était sous l’eau, il oubliait ses problèmes, ses cauchemars, tout ce qui ne fut ce plaisir entêtant et silencieux. Il devenait l’observateur attentif qui ne rate pas détail, qui jouit de chaque seconde…ce qui n’était pas autant le cas de la belle naïade qui donnait pas mal de fil à retordre à Nick. Elle était assez épouvantée et à ce train là finirait en hyperventiler…ou finir avec sa réserve trois fois plus vite. Mais son frère s’y prenait de maîtresse façon, rien qu’à le voir avec la sollicitude avec laquelle il enlaçait la belle, Jack aurait rigolé…en fait il le faisait en douce. Il avait son style, Nick ! Efficace en tout cas, la demoiselle se calmait doucement et ne se décollait pas de lui…

Ils contournaient un beau récif de corail quand Jack les aperçut. Deux requins fonçaient droit sur eux. Un comportement parfaitement anormal chez ces prédateurs qui ont l’habitude d’approcher lentement de leur proie, généralement en cercles concentriques et jamais ou très rarement dans ce style torpille télécommandée. Nick et Isabel étaient restés en arrière et trop pris à se regarder dans les yeux n’avaient rien vu. Il n’y avait pas une seconde à perdre en réflexions…Il les rejoignit rapidement. Les squales approchaient à grande vitesse…comme qui a un but défini : eux ! Fuir était absurde, ils les rattraperaient en moins de deux et ce ne serait pas gai. Sans perdre la tête, il chercha quelque anfractuosité susceptible de les héberger, les mettant hors d’atteinte des prédateurs. Quelques rochers pourraient fournir un abri précaire mais ce serait toujours mieux que rien. Nick avait parfaitement compris la situation et guidait Isabel vers là, essayant de la maintenir au calme.

Le comportement étrange des requins laissait pas mal de quoi penser. Pourquoi les avaient ils repérés si directement ? D’où sortaient ils, en fait ? Jack savait très bien que les requins ne s’approchent pas trop de la côte à moins d’être affamés, or là, la faune était assez riche comme pour garantir de la nourriture suffisante. Ils avaient le comportement obnubilé des spécimens maintenus en captivité, sans alimentation appropriée.

*On les a lâchés là… expressément pour nous !...Pourquoi ?*

Cette idée était angoissante mais le moment n’était pas à perdre la tête. Si Nick ne l’avait pas retenue avec force, la jeune femme, en pleine panique, se serait élancée vers la surface, offrant une proie de choix aux squales.

*Soit, ils sont affamés…quittes à se bouffer l’un l’autre. On va leur donner ce qu’ils veulent alors !*

Le pauvre poulpe sur lequel il mit la main fut la victime propitiatoire. Sous le regard terrorisé d’Isabel, il tua la pauvre bestiole et le propulsa vers les deux attaquants…Ce la ne les arrêterait pas mais au moins ça leur prendrait une seconde à se disputer pour la maigre proie. Ça mit de la pagaille à la foire. Comme des forcenés, les affamés se jetèrent sur la dépouille du poulpe alors Jack quitta son abri…

Entailler le cuir d’un requin moyen n’est pas pratique aisée mais il n’avait aucune intention de l’égorger…sauf qu’il n’arriva même pas à approcher des squales qui se disputaient mieux que chiffonniers…un autre ennemi était en vue. Espèce bien connue et très dangereuse…un homme armé d’un harpon….et il ne venait pas précisément leur prêter main forte. Jack s’en convainquit quand le projectile fendit l’eau…en sa direction.

Ils étaient fins. Deux requins, un assassin et une fille à demi folle de peur. Jack avait parfaitement compris l’intention de l’homme, il ne pensait pas l’embrocher de bout à bout, il suffirait de le blesser légèrement pour que les requins se jettent sur lui en mois de deux et le croquent en apéritif…

*Ça me suffit avec les crocos…on va pas commencer avec ceux là aussi !*

L’autre rechargeait son arme mais ne semblait pas être exactement un expert en la matière, Jack, lui, savait exactement que faire…d’une belle détente il se propulsa vers l’inconnu. Une lutte frénétique s’engagea…L’homme était fort mais lent, l’eau n’était certainement pas son élément préféré…Le couteau de Jack entailla sa combinaison…et la chair tendre de son bras.

Pendant un instant, à travers leurs masques, les deux hommes se dévisagèrent. Le regard de Jack demeurait étrangement serein, celui de l’autre reflétait de la terreur pure. Il avait compris. Se défaisant de lui avec un brutal coup de pied au plexus…Jack s’éloigna…Le mince filet de sang s’échappant de cette infime blessure suffit pour attirer les squales sur une nouvelle proie…bien plus appétissante que le pauvre poulpe… Nick nageait déjà vers la surface en entraînant Isabel à demi évanouie. Jack suivit le mouvement…

Nick, déjà sur le ponton de pierre, lui tendit la main pour le tirer de l’eau.

On se tire d’ici, assura Jack une fois débarrassé de son masque de plongée, et toi, tu viens avec nous !

Isabel le considéra avec les yeux élargis de terreur.

Désolé, ma belle, pas le baptême de l’eau rêvé…mais au moins maintenant tu sais que tu as d’autres choses à craindre plus qu’un peu de flotte.

Nick voulut en savoir plus, tout en calmant la belle qui s’accrochait à lui mieux qu’à planche de salut.

Ce n’était pas un accident que ces deux requins se soient trouvés là, pas plus que ce type ait voulu m’embrocher pour qu’ils finissent par me bouffer…quelqu’un ici en veut à notre peau et je t’assure, mon vieux, qu’on en va pas rester à attendre qu’on nous dézingue comme à des chien galeux…

Isabel reprit bellement ses esprits pour argumenter que personne ne la ferait quitter les lieux sans son contrat d’achat…

Le Brock n’a aucune intention de nous vendre cette propriété…ce petit jeu psychologique n’a été qu’une mise en bouche…j’ignore pourquoi…mais j’ai l’impression que ce vieux plouc en veut à notre peau…

Bravo, Mr. McKenna…vous êtes définitivement doué pour tirer les conclusions précises !

La voix engouée de Le Brock les fit sursauter. Ils se retournèrent d’un bloc pour se trouver avec leur hôte, qui toute affabilité perdue, les pointait d’une arme.

Je vous l’avais dit…Il ne nous aime pas du tout !...Bon, mais puisqu’on en est là…dites nous au moins pourquoi ? C’est juste, non ?

N’essayez pas de gagner du temps, Jack…c’est fichu pour vous, jamais vous ne quitterez Sharm El Sheik en vie !

J’en ai toute l’intention, croyez moi…

Comme toutes les antérieures fois, Paser…en fait, comme toujours, les traîtres payent de leur vie la défection à leur devoir sacré.

Paser ?...Ce nom…Jack eut un recul, comme si on l’avait frappé. Tout fut extraordinairement clair, un instant…

Mais déjà Nick réagissait…Un coup de feu partit, personne ne s’en occupa. Le Brock mis hors combat fut basculé dans la mer et ils filèrent à un train de diable vers la maison. Avec un peu de chance, personne d’autre ne saurait ce qui se tramait là…enfin, il y eut une personne…

Vos bagages sont prêts et à bord de la Range Rover, voici les clés…il y a des provisions, de l’eau et une carte…Louxor…allez à Louxor…Rassim Bey vous expliquera…Hâtez vous !!!

Pas la peine de perdre le temps à discuter…Dix minutes plus tard, ils roulaient a tombeau ouvert sur la route qui menait vers l’Ouest…Nick conduisait. Isabel assise A la place du passager, demeurait muette. A l’arrière Jack ressentit une douleur cuisante au côté, il se passa la main et la retira ensanglantée.

Nick…Il…a fait mouche !

Isabel n'avait pas le choix, elle décida donc d'accompagner les deux frères pour sa première leçon de plongée sous-marine. Au départ, elle n'était pas très à l'aise, elle était même paniquée, mais grâce à Nick et a ses bons conseils, elle se détendit un peu, Jack, lui, était resté à l'écart.
A peine avait-elle mit les pieds dans l'eau qu'une vague de terreur s'empara d'elle, pourquoi ? Sûrement à cause de ce qui lui était arrivé durant son enfance, mais Isabel n'en n'était plus certaine, autre chose la gênait dans tout ceci, mais elle ne sut dire quoi.
Le plus rassurant dans tout ceci c'est qu'elle avait au moins de quoi respirer, même si son oxygène venait d'une petite bouteille au moins elle ne pourrait pas s'étouffer, Nick était de très agréable compagnie, il ne la lâchait pas et en fut très heureuse, elle l'appréciait vraiment et commençait à se sentir bien près de lui.
À présent les trois jeunes gens étaient complètement immergés dans la mer, la miss parvint à ouvrir les yeux et à maintenir sa respiration constante, même si parfois c'était assez compliqué, elle avait toujours peur que sa réserve se tarisse et qu'elle ne meure étouffée.

Maintenant qu'ils dans l'eau Isabel regardait partout, c'était vraiment très beau, jamais elle n'aurait pu imaginer un instant la beauté de ce paysage sous-marin, c'était extraordinaire, elle garderait à jamais dans sa mémoire cette expérience inédite. la mer était claire, les poissons extraordinairement beaux et le reste, n'en parlons même pas, un spectacle à couper le souffle.
Pourquoi avoir attendu autant de temps pour faire de la plongée sous-marine ? Sûrement parce que la jeune femme n'avait pas de bons professeurs et de si sexy aussi, à présent elle savait qu'elle n'avait rien à craindre dans les bras de Nick qui ne la lâchait pas.
Le beau brun regardait la miss dans les yeux et elle ne s'en lassait pas, mais au moment où tout se passait à merveille, Jack apparut comme paniqué, Isabel se demandait bien ce qui pouvait bien l'effrayer de cette façon et comme si son instinct lui dictait quelque chose, elle se retourna et les vit au loin. Deux requins fonçaient droit sur eux. La panique prit le dessus et la miss ne voyait plus rien, une boule de peur la prit à la gorge et s'empara de son être, Nick tenta de la calmer en lui montrant du doigt des rochers devant eux, c'était la seule solution pour le moment. Elle agrippa très fort la taille de Nick et se laissa guider au lieu sûr, mais même derrière les rochers elle savait qu'ils allaient se faire bouffer, elle tenta bien que mal de remonter à la surface, mais Nick fit tout son possible pour la retenir et la garder en lieu sûr.
Une fois à l'abri, du moins en attendant, Isabel chercha des yeux l'autre frère qui était caché aussi, mais ce qu'elle vit était encore pire que tout le reste, Jack avait d'attraper un poulpe et l'avait poignardé avec un couteau de survie puis il l'avait lancé aux requins qui s'approchaient de plus en plus. Isabel ferma les yeux, elle était à point de tomber dans les pommes, mais heureusement que Nick était là, il lui tenait la main très fortement et donc elle savait que pour le moment tout allait bien.
L'esprit de la jeune femme s'égara dans un autre univers, peuplé d'eau et de crocodiles, elle était en train de se noyer, l'eau entrait dans sa bouche et elle ne pouvait plus respirer, ses poumons se remplissaient eux aussi et l'air lui manquait, la seule chose qu'elle vit sur le coup était les crocs aiguisés d'un crocodile se refermer sur son visage d'ange et puis plus rien. Elle revint à la réalité et une sueur froide envahit son être, là, juste devant elle, Jack se battait avec un homme. Que c'était-il passé le temps qu'elle était dans un autre monde ?

Miss Miller sentit que Nick la tirait, ils allaient s'en sortir, la surface n'était pas loin et au bout d'un moment, beaucoup trop long pour elle, ils émergèrent et se retrouvèrent sur un ponton, au sec et à l'abri de cette étendue d'eau très dangereuse.
La respiration rapide, la miss ne se sentait pas très bien, mais ce n'était rien en comparaison de Jack qui, aidé de son frère sortit de l'eau blême, il était blanc comme un linge et ne chercha même pas à comprendre ce qui venait de se passer.

On se tire d’ici, et toi, tu viens avec nous !

Quoi ? Mais....

Désolé, ma belle, pas le baptême de l’eau rêvé…mais au moins maintenant tu sais que tu as d’autres choses à craindre plus qu’un peu de flotte.

Isabel ne savait pas quoi dire, mais avec ce qui était survenu c'était un peu logique, elle s'approcha des deux jeunes hommes et se lova presque dans les bras de Nick qui cherchait à savoir le pourquoi du comment.

Ce n’était pas un accident que ces deux requins se soient trouvés là, pas plus que ce type ait voulu m’embrocher pour qu’ils finissent par me bouffer…quelqu’un ici en veut à notre peau et je t’assure, mon vieux, qu’on en va pas rester à attendre qu’on nous dézingue comme à des chien galeux…

Je ne partirai pas d'ici sans mon contrat signé, je me fiche de vos requins et tout le reste... et puis j'avais bien raison, la mer est beaucoup trop dangereuse.

Jack n'avait pas dit son dernier mot et résuma ce qu'il pensait vraiment de Le Brock.

Le Brock n’a aucune intention de nous vendre cette propriété…ce petit jeu psychologique n’a été qu’une mise en bouche…j’ignore pourquoi…mais j’ai l’impression que ce vieux plouc en veut à notre peau….

Tu racontes n'importe quoi....

Isabel était en train de parler lorsqu'une voix derrière eux les interrompit.

Bravo, Mr. McKenna…vous êtes définitivement doué pour tirer les conclusions précises !

Se retournant, Isabel vit que Le Brock avait une arme à la main et qu'il la pointait sur eux, elle ne bougea pas des bras de Nick et regarda la scène comme si elle n'en faisait pas partie.

Je vous l’avais dit…Il ne nous aime pas du tout !...Bon, mais puisqu’on en est là…dites nous au moins pourquoi ? C’est juste, non ?

N’essayez pas de gagner du temps, Jack…c’est fichu pour vous, jamais vous ne quitterez Sharm El Sheik en vie !

Isabel était vraiment paniquée et elle lâcha un juron dont elle était presque certaine de ne pas connaître .

Espèce de sale escroc, vous êtes vraiment un fumier et un co****d !!!

Jack ne se laissa pas menacer non plus et répliqua à son tour.

J’en ai toute l’intention, croyez moi…

Comme toutes les antérieures fois, Paser…en fait, comme toujours, les traîtres payent de leur vie la défection à leur devoir sacré.

Paser ? Isabel connaissait ce nom, mais elle ne sut dire d'où. Un coup de feu partit et la miss se blottit un peu plus contre Nick, deux secondes plus tard on entendit un plouf. Pas le temps de voir si Le Brock était encore en vie, il fallait fuir, fuir très loin d'ici, Isabel toujours tenant la main de Nick courut comme jamais et arriva essoufflée à la maison, un majordome les apostropha.

Vos bagages sont prêts et à bord de la Range Rover, voici les clés…il y a des provisions, de l’eau et une carte…Louxor…allez à Louxor…Rassim Bey vous expliquera…Hâtez vous !!!

Pas le temps de cogiter, clés en main, Nick s'installa au volant, Isabel à son côté et Jack derrière. La maison s'éloignait et la jeune femme pouvait enfin respirer, Quelle histoire! Jamais de sa vie la jeune femme n'avait vécu telle expérience, elle se laissa aller dans l'habitacle en regardant la route défiler devant ses yeux, elle ne disait mot, tout était encore beaucoup trop frais dans son esprit, ce qui la fit sortir de ses pensés furent les mots de Jack, juste derrière elle.

Nick…Il…a fait mouche !

Le pauvre Nick se retourna et vit que Jack était allongé sur la banquette, Isabel avait parfaitement compris ce qu'il venait de dire et avant de dire quoique ce soit, elle retira, tant bien que mal, sa combinaison qui l'étouffait. Elle portait juste en dessous un maillot de bain deux pièce et se précipita à l'arrière du véhicule pour voir la blessure de Jack.

Ne bouge pas ! Je viens voir !!

Le jeune homme râlait comme un fou, mais Isabel l'ignora et dés qu'elle passa par dessus le siège elle s'installa à côté de Jack. Elle vit du sang reluire sur sa combinaison, elle chercha un moyen de panser la plaie, mais il n'y avait rien dans cette voiture, alors elle posa sa main sur la plaie. C'est là que le choc la fit frémir, d'abord il y eu comme un éclair et ensuite elle se sentit glacée jusqu'au os et dût lâcher prise. Pourquoi ne pouvait-elle pas toucher Jack sans ressentir cette terrible sensation de froid glacial ?

Désolée !! Je ne te toucherai plus à l'avenir.... Moi aussi ça me gèle le sang.

Nick venait d'avoir une idée et la miss n'avait pas le choix, le véhicule s'arrêta juste un instant le temps de changer encore une fois de place, elle prit donc le volant et Nick s'occupa de son frère.
La route était caillouteuse et à chaque fois que la miss appuyait sur l'accélérateur, la voiture sursautait, on ne pouvait pas dire que Jack en soit enchanté.

Arrivés enfin à un port, la miss arrêta le moteur et sortit, sans même écouter les deux frères, elle se dirigea vers un bateau assez usé par le temps et tenta de trouver quelqu'un à l'intérieur.

S'il vous plaît ???

Un homme d'une grande stature la regarda et la salua.

Bonjour... Que puis je faire pour vous, jeune demoiselle ?

Isabel savait exactement ce qu'elle devait faire, avec ses charmes ce ne serait pas compliqué, elle avança en chaloupant des hanches, toujours en tenue de bain et fit un grand sourire.

Bonjour... Je suis vraiment navrée de vous déranger, mais j'ai vraiment besoin d'un bateau.... J'adore la mer et je ne savais pas à qui m'adresser, pouvez-vous m'aider ?

L'homme descendit de son bateau et lui tendit la main.

Mais bien entendu, je peux vous prêter le mien, c'est vrai qu'il n'est pas de la première fraîcheur mais il est encore en bon état.... Vous voulez le visiter ?

Isabel acquiesça de la tête et avant de suivre l'homme en question, elle se tourna vers la voiture et fit un signe aux deux frangins, si ils avaient compris ce qu'elle était en train de faire, ils n'allaient pas tarder à la rejoindre sur le bateau.
Deux minutes plus tard, alors que le propriétaire du bateau faisait du charme à la miss, deux hommes montèrent à bord et l'un d'eux assomma le grand rouquin.

Je sais que ce n'était pas le seul moyen pour nous procurer un bateau, mais c'est la seule idée qui m'est venue en tête...

Isa se faisait un peu réprimander par les deux frères, mais elle s'en moquait, à présent il était temps de prendre la poudre d'escampette, Nick alla chercher les affaires restées dans la voiture et remonta à bord en laissant, bien évidemment, le propriétaire du bateau sur le quai.
Bien que l'eau fasse peur à la jeune femme, elle ne s'en soucia pas, pour le moment elle voulait voir si Jack allait bien, si sa blessure était grave ou pas. Comme pour son cauchemar, elle prit une bassine d'eau et en versa sur la plaie, mais il s'avéra que la blessure était vraiment minime, c'était trop fort ça.

Isabel laissa se reposer le pauvre Jack qui avait fait son possible pour leur sauver la vie et elle alla donc rejoindre Nick qui avait pris la barre.

Je sais que je dois être un fardeau pour vous et que je ne connais pas la région, mais Yves, le majordome à laissé des instructions et je pense que nous devons déjà nous rendre à Safaga..... Et ensuite nous aviserons, par contre ce que je n'arrive pas à comprendre c'est pourquoi Le Brock voulait nous tuer ?

Nick n'avait pas d'explications non plus et on pouvait se demander ce qui allait encore leur tomber sur la tête.
Isabel regarda le jeune homme et lui demanda très naturellement.

Jack ne m'aime pas beaucoup hein ? Je le comprends parfaitement, c'est très désagréable de se sentir refroidi ainsi.... Mais, il est comme ça avec toutes les femmes, ou juste avec moi ?

La jeune femme ne savait plus quoi penser, elle se sentait bien auprès de Nick mais elle était aussi attirée par Jack. Elle n'avait pas de quoi se plaindre, car les deux hommes étaient vraiment très sexy.
Jack avait repris du poil de la bête et était venu voir ce que son frère et la jeune femme faisaient. Isabel avait raconté que pour le moment aucun bateau ne les suivait, ce qui était une bonne nouvelle. L'après-midi était bien engagée quand survint la chose, et oui encore la demoiselle et sa légendaire maladresse, elle voulut regarder par dessus bord, mais au moment où elle se pencha, elle se prit les pieds dans un cordage et poussa quelqu'un dans son dos, le temps de se retourner, elle vit Jack à la mer en train de faire de son mieux pour revenir à bord du bateau.
La jeune femme ne pouvait pas lui venir en aide puisqu'elle ne savait pas nager, mais comme si quelque chose la poussait à faire une chose stupide elle le fit... sauter à l'eau. Au lieu d'un être humain en train de se débattre dans la mer, il y en avait deux à présent, sauf que l'un d'entre eux était vraiment en train de se noyer.

Moldu Messages : 77 Gallions : 25692 Date d'inscription : 25/04/2010

En voilà des façons! Si Le Brock avait cru s’en tirer de bon compte, c’était raté de bout à bout, proprement assommé il finit dans la mer alors qu’eux prenaient la poudre d’escampette à toute vitesse. Un allié providentiel leur fournit le moyen de fuir et peu après ils roulaient à tombeau ouvert vers Dieu sait où… Installé à l’arrière Jack , qui avait été soupçonneusement silencieux jusque là, lâcha soudain :

Nick…il a fait mouche !

Pas besoin d’un dessin. Nick en eut des sueurs froides. Un coup d’œil au rétroviseur avisa, Jack était légèrement pâle et décomposé mais au premier coup d’œil n’avait pas l’air mourant.

C’est grave ?...C’est profond ?...

L’autre n’en savait rien. Impossible de le dire, vêtu comme il était de sa combinaison de plongée. Isabel fut prompte à réagir, sans penser aux conséquences elle passa au siège arrière pour examiner le blessé qui s’en défendait joliment. En d’autres circonstances Nick en aurait rigolé. L’inévitable se produisit et Jack, jurant dans un style très haut en couleurs envoya la demoiselle se faire voir ailleurs…Elle venait de le glacer à sa façon.

Désolée !! Je ne te toucherai plus à l'avenir... Moi aussi ça me gèle le sang.

Autant ne pas multiplier leurs misères. La seule solution qui restait était s’occuper lui-même de son frère mais cela signifiait céder sa place au volant à Miss Miller. L’idée ne finissait pas de l’enchanter mais il fallut bien s’y faire. La Miss au volant s’avéra moins catastrophique que craint, ce serait déjà cela de gagné.

Cahots et nids de poule se succédaient. Jack râlait ferme.

Laisse moi voir ça !

Il découvrit la zone de la blessure. La balle n’avait pas fait trop de dégâts, elle avait éraflé, assez profondément il est vrai, la chair, sans mal majeur.

Tu as de la chance…Faudra nettoyer ça et mettre un bandage mais tu seras comme neuf dans un moment.

Jack grogna encore un peu. Nick devinait que la blessure n’avait pas trop à voir avec sa mauvaise humeur, il n’était pas du genre à se plaindre à tort et à travers. La présence de la jeune femme semblait avoir une belle incidence dans ces sautes d’humeur.

Au bout d’un moment, ils parvinrent à un port et avant qu’ils ne puissent placer un mot voilà que la belle sautait de la voiture et se dirigeait vers un vieux voilier amarré au quai…Tout charme en branle bas de combat, la miss aborda celui qui semblait être le propriétaire du rafiot en question. Nick suivit son petit manège avec croissant intérêt.

Elle en a des idées !

On ne pouvait pas penser autrement. Les intentions de la belle étaient claires : elle voulait le bateau.

On dit par là que la fin justifie les moyens, allez savoir ! En tout cas, de sa vie Nick ne s’était vu dans le besoin de voler quoique ce soit…or là, il assomma proprement le propio rouquin en se désolant de ne pas avoir eu de marchander correctement mais dans la présente situation, une telle perte de temps n’était pas à envisager, plus vite ils quitteraient le coin et mieux ce serait !

Jack était franchement outré de se voir transformé en complice de vol et violence implicite. L’idée de finir avec ses os dans une prison égyptienne ne le rendait pas plus heureux qu’à Nick.

Je sais que ce n'était pas le seul moyen pour nous procurer un bateau, mais c'est la seule idée qui m'est venue en tête...

On aurait entendu mieux comme défense mais le moment n’était pas à la discussion, il trancha proprement.

On laissera le bateau à Safaga avec des explications et assez d’argent pour s’en acheter un autre…

Bagages embarqués, se mettre en route fut affaire de minutes. Après tout, naviguer était une de ses passions, lever les voiles et mettre le cap vers le large ne posa aucun problème. Isabel faisait des louables efforts pour ne pas paniquer et Jack, lui, souffrait en silence des soins prodigués par la jeune femme après s’être vu verser une bassine d’eau dessus. Sa blessure n’était pas grave, ça l’embêterait un peu mais rien de plus.

En tenant la barre, Nick rigolait tout seul d’entendre les grognements de son frère. Ce voyage ne faisait ni ferait jamais le bonheur de Jack, à croire que c’était fichu depuis le départ. Et puis il y avait aussi son étrange réaction à Miss Miller et la certaine animosité qui semblait opposer ces deux là, ils ne semblaient pas être près de s’entendre. Pourtant, Isabel était une créature on ne peut plus charmante et douce. Heureusement pour lui, pas de décharges électriques ni frissons à gogo quand il était près d’elle. Tantôt, alors qu’ils nageaient, cela lui avait fait vraiment plaisir de la guider et soutenir et elle ne semblait pas du tout s’en plaindre. Une fois qu’elle eut fini de prodiguer ses soins au revêche de service, Isabel le rejoignit à la barre.

Je sais que je dois être un fardeau pour vous et que je ne connais pas la région, mais Yves, le majordome à laissé des instructions et je pense que nous devons déjà nous rendre à Safaga...

Ne te prends pas la tête, Isabel…il n’en est rien. Tu n’es aucun fardeau pour nous. On est ensemble dans ce drôle de pétrin, on fera de notre mieux pour nous en tirer sans trop de mal. Nous allons à Safaga, pas de souci, j’ai vérifié les cartes…Ce ne sera pas trop long comme traversée, le temps est au beau fixe et le vent à faveur.

Celui là semblait être le moindre de ses soucis.

Par contre ce que je n'arrive pas à comprendre c'est pourquoi Le Brock voulait nous tuer ?

Là, il dût aussi avouer son ignorance. La volte-face de Le Brock l’avait absolument pris de court, lui aussi. Son attitude envers Jack lui avait semblé digne de soupçon depuis le début mais il l’avait attribuée au peu de sympathie que son frère et le bonhomme se vouaient réciproquement.

La suivante question de la jeune femme le fit sourire, mitigé.

Jack ne m'aime pas beaucoup hein ? Je le comprends parfaitement, c'est très désagréable de se sentir refroidi ainsi...

Euh, je ne pense pas que ce soit ça…disons que vous avez eu un mauvais départ…

Mais, il est comme ça avec toutes les femmes, ou juste avec moi ?

Nick soupira et se passa la main dans les cheveux.

Avec toi, c’est très bizarre tout ce qui se passe, normalement c’est un type on ne peut plus charmant.

Et il ne mentait pas. Jack était un insouciant, joyeux compagnon et sans aucun problème avec les filles…sauf peut être qu’elles lui plaisaient trop et sans arriver à se décider pour une en spécial, il sortait avec deux ou trois en même temps, ce qui ne manquait pas de soulever quelques inconvénients dont il s’en fichait comme d’une guigne !

Jack semblait avoir bien repris le poil de la bête. La blessure désinfectée et pansée, il tint à donner un coup de main sur le pont. Personne ne semblait s’être lancé à leur poursuite mais ils savaient bien que cela ne tarderait guère.

Une fois à Safaga, faudra trouver un moyen de locomotion pour arriver à Louxor…c’est pas la porte à côté et on a une frange de désert à traverser. On pourrait prendre un avion ou aller en car de tourisme mais si on nous cherche…ce serait trop évident…On avisera en arrivant…tout dépendra de beaucoup de facteurs…

Comme par exemple de la réception à laquelle ils auraient droit. Le plus logique était que le proprio du voilier ait alerté la police et que celle-ci ait tiré certaines conclusions. Le plus sensé à faire était donc chercher un endroit solitaire où débarquer…

Il était là à se casser la tête force élucubrations quand un grand plouf le mit sur avis : Homme à l’eau !

Mais c’est quoi ça !!!, jura t’il en voyant la tête de son frère émerger à bâbord mais ce ne fut pas tout…voilà qu’Isabel, pensant à Dieu sait quoi, plongeait héroïquement pour se porter à sa rescousse…comme si Jack en avait besoin !

Ne pouvant laisser le voilier sans gouvernail, Nick n’eut d’autre recours qu’entreprendre un virage pour aller repêcher les nageurs de fortune. Jack nageait vigoureusement vers la jeune femme qui était tout simplement…en train de se noyer.

Il ne tarda pas à être tout près des jeunes gens. Jack tenait ferme Miss Miller qui semblait étrangement calme. Nick espéra que son frangin ne lui ait pas administré encore des baffes.

Mais ça vous prend souvent de sauter par-dessus bord !?

Jack lui décocha un regard noir et lui ficha la semi noyée dans les bras.

Ça va Isabel ? Pourquoi as-tu sauté ? Tu ne sais pas nager !!! Jack pouvait s’en tirer très bien tout seul…Là, du calme…pas la peine de pleurer. Ah…tu l’as poussé sans faire exprès ?

Cette fille était une véritable catastrophe ambulante. Il la frotta énergiquement avec la serviette, la rassurant de son mieux.

Oui, je sais que tu en voulais pas le faire…Non, il ne t’en veut pas…Ah bon…il est fâché ?...Mais non…allez, calme toi…

Il la serra dans ses bras et déposa un baiser sur son front. Elle resta sagement là, sans bouger ni parler, après lui avoir simplement adressé un sourire lumineux. Ça suffisait largement.

Tout va aller bien, ma douce….tout va aller bien !

Mais il n’en était pas si sûr !

Un peu plus tard, Jack réclama sa place à la barre et les envoya tous les deux préparer le repas. Le jour déclinait rapidement quand ils longèrent la côte, s’éloignant du port de Safaga. Une côte pelée et assez inhospitalière où ils devraient trouver un bon endroit pour abandonner l’embarcation et rejoindre à la comme on peut le centre peuplé.

Ils jetèrent l’ancre dans une petite crique. Zodiac mis à l’eau, ils rallièrent la côte déserte.

Nous marcherons jusqu’au port. Le majordome de Le Brock nous a laissé une adresse, à Safaga.

L’endroit était bondé de touristes de tout poil et plume, pas difficile de se confondre dans la foule bigarrée. Un petit tour près des quais du port de plaisance leur permit de savoir que la police était effectivement à l’attente. Esquivant les forces de l’ordre, ils se mirent à la recherche de l’endroit où ils devaient se rendre.

Mahmoud Al Gassim vivait un peu à l’écart, presque en dehors de la ville. Ils arrivèrent face à la petite maison assez tard, dans la nuit mais le vieil homme semblait les attendre. Il les fit entrer sans autre préambule.

Soyez les bienvenus dans mon humble demeure !

Humble mais bien entretenue. On les convia à prendre place au séjour orné de tapis et coussins, dans le meilleur style du coin et on leur servit du thé.

Je savais que vous viendriez, assura Al Gassim avec un sourire bienveillant

Et nous on voudrait savoir qu’est ce qu’il se passe !, dit Nick qui commençait à vraiment y perdre son latin, là, on essaye de nous tuer, on doit fuir comme des voleurs…on a dû emprunter un bateau et maintenant la police est à nos trousses.

Pas pour le bateau…c’est Le Brock qui les a lancés sur votre piste. Le propriétaire du bateau a été dédommagé et ne portera pas plainte, rassurez vous.

Euh…dédommagé ? Par qui ?

La fratrie des fidèles a le bras long et a des yeux partout. Nous veillons sur les élus…nous l’avons toujours fait, au cours des siècles.

De plus en plus cryptique. Une fratrie de fidèles ? De élus ? Des siècles ?

Nous ne comprenons rien !, reconnut Nick de plus en plus intrigué, élus ?...de quoi parle t’on là ?

Le vieil homme se tourna vers Jack qui n’avait pipé mot jusque là.

Les souvenirs ne t’atteignent que le temps d’une vision ou encore d’un cauchemar mais ils reviendront clairement, plus tard. Quand le temps sera venu, c’est écrit dans les étoiles. Tu es revenu, comme prédit…toi et les autres…

Et de leur raconter l’histoire invraisemblable d’un serment échangé voilà plus de 3.000 ans.

Un serment d’amour et fidélité qui, au cours de siècles révolus, avait réuni et séparé trois couples.

Mais c’est une légende, ça…on ne peut pas donner foi à un truc pareil…

Al Gassim avait hoché la tête avec une infinie patience.

Je comprends que cela vous résulte difficile à croire mais demandez à votre frère quels sont ses rêves ?...Crocodiles ? Paser a trouvé la mort entre les crocs de ces bêtes. Condamné à cause de sa rébellion encontre de Ramose, le grand vizir…votre ennemi.

Mais…quoi ? Il est…

Sa science et connaissances lui ont permis de suivre les pas des « élus » au cours des siècles, c’est lui le coupable de toutes leurs déconvenues…de leurs morts…

Nick se tourna vers son frère, s’étonnant de le trouver si tranquille, comme s’il n’y avait rien de plus normal que se voir révéler une vérité si ahurissante. Lui, la réincarnation d’un prêtre de l’Égypte ancienne ? Trop dur à gober…et pourtant, cela expliquerait énormément de choses. Isabel semblait en état de pré-choc avec ce qu’elle venait d’entendre, si ce que disait le vieil homme était vrai…alors elle était l’éternelle partenaire du tel Paser…or Paser et Jack semblaient n’être qu’une personne et, quelque malin hasard s’y mêlant, ne semblait couver aucune folle passion pour la belle…au contraire.

A partir de là, Al Gassim ne voulut rien dire de plus. Il fallait s’occuper des les faire parvenir à Louxor sans attirer l’attention de ceux qui les poursuivaient.

Nick y pensait à cette drôle d’histoire, alors que déguisé en arabe, il conduisait une vieille voiture sur la route de Qena. À ses côtés Isabel, couverte de la tête aux pieds avec un shador noir semblait effrayée. À l’arrière, Jack se demandait comment parviendrait il à convaincre quiconque qu’il pouvait être arabe…

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Impossible de penser que c’était son jour de chance ! D’abord, les requins, suivis de près d’un abruti plein de mauvaises intentions qui avait fini comme festin de squales et comme broche d’or final Le Brock révélait ses véritables intentions. Intentions tordues et bien mystérieuses, si on y pensait bien.

C’est fichu pour vous, jamais vous ne quitterez Sharm El Sheik en vie ! Comme toutes les antérieures fois, Paser…en fait, comme toujours, les traîtres payent de leur vie la défection à leur devoir sacré.

Paser !?...S’entendre ainsi nommer lui avait fait un drôle d’effet mais le moment n’était pas aux contemplations de ce genre. Mette le drôle de plouc hors de combat était prioritaire, le balancer à la flotte…un plaisir inégalable. Déguerpir à toute...un besoin vital. Se prendre une balle dans le cuir ce faisant, manque de pot.

Jack n’était pas de ceux qui pleurnichent et se plaignent mais là, c’était surtout de mauvaise humeur qu’il était. Pourquoi ? Il n’aurait pas su le dire. Être blessé n’y était pour rien. Peut être était ce la parfaite complicité que son frère et Isabel semblaient si bien partager ? Il se demandait bien pourquoi…mais en toute sincérité, celui là semblait bien être le cas. Que la belle décide s’occuper de lui, le combla…qu’elle le touche le refroidit jusqu’à la moelle, ce qui bien sûr le fit râler un peu plus. Comme on pouvait s’y attendre, la jeune femme pensa qu’il était un énergumène de la pire espèce. Nick prit le relais et son savant dictamen fut qu’il n’allait pas mourir pour si peu…

La suite du port fut rapide et obscure…en un tour de main, leur vie d’impeccable probité passa à l’oubli et voilà qu’ils volaient un bateau comme si rien. Propio assommé, ils levèrent les voiles et mirent le cap vers le port de Safaga, sur l’autre rive de la Mer Rouge. Moïse avait certainement eu de meilleures manières pour y parvenir mais enfin…on n’en était pas à ça près.

Une fois en sûreté loin du port de leur délit, la miss voulut encore faire ses preuves comme infirmière. Vu l’inutilité de vouloir le toucher au sec, elle préféra l’arroser copieusement pour examiner sa blessure…minable trou de rien du tout qui ne souleva pas le moindre émoi. Elle le pansa d’un air plutôt distrait et lui, se contenta de grogner pour être à ton puis la belle alla rejoindre Nick à la barre. Le voilier n’étant pas un transatlantique, impossible de rater leur propos. Tiens, elle pensait qu’il ne l’aimait pas du tout. Pas qu’il soit fou d’elle mais de là à ne pas lui trouver du charme, il y avait un long chemin. C’est vrai qu’entre eux, c’était plutôt du genre accidenté…rien qu’à se toucher et ils se sentaient presque mourir de froid et de Dieu sait quoi d’autre. Qu’elle veuille savoir s’il était toujours aussi grognon avec toutes les filles qui croisaient son chemin…ce brave Nick se chargea de dire qu’il était absolument charmant…

Pour le moment, ce qui les occupait était comment arriver à destination.

Une fois à Safaga, faudra trouver un moyen de locomotion pour arriver à Louxor…c’est pas la porte à côté et on a une frange de désert à traverser. On pourrait prendre un avion ou aller en car de tourisme mais si on nous cherche…ce serait trop évident…On avisera en arrivant…tout dépendra de beaucoup de facteurs…

Comme quoi, selon Nick, faudrait compter avec le fait d’avoir la police égyptienne à leurs trousses, plus les copains de Le Brock plus Dieu savait qui d’autre. En résumé, ça, c’étaient des vraies vacances !!!

Alors, on passe en catimini, on se fait plus discrets que des souris et on se tire comme des experts !, ricana t’il, malgré lui.

On ignora paisiblement sa saute d’humeur et il s’en aller vaquer par là, à chercher en quoi s’occuper. Contempler la mer semblait une occupation assez adéquate aux circonstances. Jack en serait resté là si, sans aucun préavis, il ne s’était pas retrouvé en train de piquer une tête dans les eaux paisibles…sans jamais avoir eu la moindre intention d’y faire trempette.

*Et m***e !…C’est pas une vie ça, cette fille en veut à ma peau ou quoi !?*

Mais voilà que la fille en question, se sentant sans doute coupable de vouloir le noyer, ne trouvait rien de mieux à faire que sauter, elle aussi, par-dessus bord, en oubliant un détail de vitale importance : elle ne savait pas nager, avait peur de l’eau et était bel et bien en train d’avaler la tasse de sa vie. Jack se mit vigoureusement en route pour lui sauver, encore une fois, la vie. Il la rattrapa de justesse avant qu’elle ne sombre comme pierre de moulin. Elle se débattit un peu mais cette fois sut se montrer assez raisonnable et il n’eut pas besoin de lui envoyer une paire de gifles.

Ça te prend souvent de faire des trucs pareils !?

Malgré sa peur évidente, Isabel lui décocha un regard outré, comme si elle pensait qu’il était le plus borné des hommes.

Je te remercie de vouloir me sauver…mais tu en sais pas nager, ma belle…à quoi pensais tu ?...

Peu importait à ce qu’elle pouvait penser, le regard de ses yeux clairs lui chavirait l’âme…D’où sortit il l’idée de l’embrasser ? Mystère. Le fait est qu’il le fit. Pas de froid mordant, ni de malaise…au lieu de cela une délicieuse chaleur qui se répandit dans tout son corps pour finir par exploser dans sa tête.

On devrait rester dans l’eau plus de temps !, se trouva t’il en train de dire, tout bêtement.

Mais déjà Nick avait fait virer le voilier et venait vers eux. Il les repêcha, non sans les houspiller un peu.

Mais ça vous prend souvent de sauter par-dessus bord !?

Et qui dit que j’ai sauté !?, se défendit il, des accidents, ça arrive, non ?

Un étrange accident mais accident enfin. Avant de « refroidir » la miss, il la laissa aux bons soins de son frangin…qui s’y prit en toute joie de cœur. Il venait d’embrasser cette drôle de fille et voilà que la belle regardait Nick comme s’il …comme quoi à la fin ? Elle pleurait même et l’autre, ravi, la consolait. Jack sentit un douloureux pincement au cœur et préféra aller se changer au lieu de rester là à les observer.

En revenant un moment plus tard, il les trouva tel quel, tout près l’un de l’autre.

Sais pas vous, mais moi, j’ai un peu faim…On ne pourra certainement pas aller au resto, en arrivant…alors…quelque chose à croquer ne nous ferait aucun mal !

Nick le regarda un peu de travers mais il se contenta de hausser les épaules.

Je suis une piètre ménagère ! Je tiens le gouvernail…sûr qu’entre toi et Isabel vous trouverez que nous mettre sous la dent.

Ils trouvèrent. Ce ne fut pas un repas digne de chez Maxim’s mais personne ne songea à s’en plaindre. Peu après, ils filaient à terre a bord d’un zodiac. La lune était au rendrez vous et ils purent marcher vers la ville de Safaga sans se casser la figure.

Le majordome de Le Brock avait bien fait les choses, entre autres il leur avait fourni une adresse. Ils firent pas mal de tours jusqu'à y arriver. L’homme qui leur ouvrit la porte dit se nommer Mahmoud Al Gassim et de les avoir attendus. Jack commençait a croire qu’ils nageaient en pleine intrigue internationale. Leur hôte n’arrangea en rien son impression en déclarant, véhément :

La fratrie des fidèles a le bras long et a des yeux partout. Nous veillons sur les élus…nous l’avons toujours fait, au cours des siècles.

Si Nick avoua qu’il n’y comprenait rien , lui, ne valait pas mieux, alors le vieil homme s’était retourné vers lui.

Les souvenirs ne t’atteignent que le temps d’une vision ou encore d’un cauchemar mais ils reviendront clairement, plus tard. Quand le temps sera venu, c’est écrit dans les étoiles. Tu es revenu, comme prédit…toi et les autres…

Mais qu’est ce qu’il lui chantait là ? De quels souvenirs parlait il ? Comment savait il de ses cauchemars ?

La suite le laissa aussi perplexe qu’aux autres. Al Gassim leur raconta une très étrange histoire qui débutait au temps d’Amenhotep III…en 1350 Av C. Au fur et à mesure que le récit se déroulait, Jack avait l’insoutenable assurance d’être en train de trouver le maillon manquant, l’explication à tant de choses…Même si tout cela tenait de l’impossible le plus absurde.

Nick bien sûr n’y croyait rien.

Mais c’est une légende, ça…on ne peut pas donner foi à un truc pareil…

Al Gassim soupira et le regarda de nouveau, avec profonde commisération.

Je comprends que cela vous résulte difficile à croire mais demandez à votre frère quels sont ses rêves ?

Je…rêve toujours de crocodiles !, admit il, sans détours.

Paser a trouvé la mort entre les crocs de ces bêtes. Condamné à cause de sa rébellion en contre de Ramose, le grand vizir…votre ennemi.

S’il avait compris quelque chose…le tel Paser et lui, n’étaient qu’une seule et même personne…enfin, l’esprit immortel du prêtre d’Amon avait trouvé refuge matériel dans son corps. Jack se doutait beaucoup d’avoir eu jadis la même apparence, si on devait croire à toute cette fable. Isabel semblait affreusement choquée par ces aveux. Si on déduisait quelque chose de l’histoire de Al Gassim, elle aurait été le grand amour du tel Paser. Un amour si fort qu’ils se seraient retrouvés une et une autre fois, au cours des siècles, dans l’espoir de perpétuer leurs sentiments…n’y arrivant jamais pour très longtemps, avant que le méchant grand Vizir, Ramose, ne s’en mêle …or là, il fallait faire des énormes efforts d’imagination pour croire qu’entre la belle et lui passait autre chose qu’un courant glacial…bon, il y avait bien un petit quelque chose mais de là à le qualifier de grand amour ou folle passion, c’était trop pousser !

Arrivé à ce point de sa narration, le vieux Mahmoud opta pour se taire la suite…juste quand ce devenait prenant ! Il leur assura que la réponse à toutes leurs inquiétudes leur serait donnée à Louxor quand tous les « élus » seraient réunis. Au lieu de se perdre en vaines paroles, le sage homme préféra s’occuper à les ´déguiser en gens du coin…Nick, embouti dans des habits locaux donnait bien le genre, après tout il était brun et bronzé à souhait, ses yeux étaient sombres et avec un peu d’imagination il faisait sheik distingué. Isabel, affublée d’un shador noir, qui la couvrait des pieds à la tête passait facilement pour une femme soumise, d’autant plus que les filles du bled ne levaient jamais les yeux pour dévisager leur prochain…Lui, une autre paire de manches. Personne ne goberait jamais des jamais qu’il était du coin…Bronzé soit mais ses yeux étaient d’un bleu accablant pour son état d’arabe assimilé…

Al Gassim leur fournit un véhicule ante diluvien et peu après, ils roulaient dans la nuit, vers Qena. Le trajet n’était que de quelques 160 km, de là, encore 60 km, par une route en bon état et ils arriveraient à Louxor au petit matin.

Bien entendu, les calculs avantageux faits par Jack, se trouvèrent vite démentis par l’état de relique de leur voiture. Ils ne pouvaient pas rouler à plus de 50 à l’heure parce que ça faisait des ratées, des bruits bizarres, menaçant de s’arrêter à tout bout portant…Ils étaient à 40 km de Qena quand, après une dernière ratée, le moteur cala et un nuage de vapeur jaillit du radiateur.

Suis pas spécialiste mais je jurerais qu’on devra faire le reste du chemin à pied !

80 km à pied, en plein désert ? De qui déprimer le plus sportif. Nick ouvrit le capot et examina les dégâts. Jack y jeta un coup d’œil et ce qu’il vit ne faisait que corroborer son idée. Le radiateur avait tout simplement éclaté. Leur véhicule avait rendu l’âme. Ils étaient seuls, au milieu de rien, en pays étranger, avec la police et quelques individus malintentionnés à leurs trousses.

Suis de l’idée que si on reste plantés là, on offre une cible de choix…

Miss Miller lui décocha un regard envenimé, comme si elle avait eu l’idée de rester en bordure de route pour faire de l’auto stop.

Désolé de te décevoir, ma belle mais on ne peut pas rester là…Ceux qui en veulent à notre peau n’attendent que ça…On ne va pas leur faire le plaisir de nous laisser cueillir comme des jolies pommes mûres.

Nick fut d’accord avec lui. À cette heure, la température était parfaite pour une bonne balade. En avançant à bon pas, ils pourraient arriver à Qena au matin. Là, ils se débrouilleraient pour trouver comment arriver à Louxor.

Tous les trois étaient en bonne condition physique. Jack semblait avoir oublié que le matin même on lui avait tiré dessus et fait mouche. Sa blessure le dérangeait à peine et ne poserait pas de problème.

Isabel marchait en silence, perdue en quelque réflexion pénible. Vêtue avec son shador, elle ressemblait à un frêle fantôme sombre. Peu habituée à ce long vêtement, la jeune femme ne tarda a pas à s’emmêler les pieds et trébucher. Par pur réflexe, Jack tendit le bras et la retint. Aucune étrange réaction ne se produisit. Conclusion : seulement le contact avec sa peau en direct produisait le déjà bien connu malaise.

Ben…ce sera déjà ça de gagné !, se trouva t’il en train de dire sans la lâcher.

Pendant un instant, ils restèrent là, à se regarder dans la clarté lunaire. Nick s’était arrêté un peu plus loin et les enjoignait de se dépêcher.

On arrive…

Se balader en plein désert avec leurs bagages n’était pas une partie de plaisir. Isabel peinait avec son accoutrement. Jack n’en menait pas plus large avec le sien, Nick lui, semblait se débrouiller pas mal.

Il doit être la réincarnation d’un bédouin, celui là…et parlant de ça…dis…tu y crois à cette histoire débile ?...Oui, c’est vrai que je fais ces cauchemars à répétition et puis…ce qui se passe chaque fois que je te touche…et cette sensation de misère totale…

Elle parla un peu de ses propres expériences qui soit dit en passant ressemblaient assez aux siennes.

J’essaye de me souvenir…parfois, dans mes rêves il me semble deviner un visage, une voix…Je sais son nom…Mésyt…et en me réveillant je me sens accablé. Ce que nous a dit Al Gassim expliquerait pas mal de choses…mais je crains être trop américain pour croire à une faribole pareille…Veux tu me dire que diables veut aller chercher l’esprit d’un prêtre de l’Égypte ancienne à Hawaii ? En plus…au cours de tant de siècles, on a dû perdre un peu notre essence…je veux dire…qu’on n’est pas obligatoirement les mêmes…

C’était trop compliqué à expliquer. Il ne trouvait pas les mots pour définir exactement ce qui l’agitait. Cette histoire de réincarnation ne terminait pas de le convaincre même si les données étaient concluantes…la seule chose qui clochait de bout à bout était ce qu’il était censé de sentir…et qu’il ne sentait pas...enfin, pas tout à fait.

Isabel ne semblait pas avoir trop envie d’en parler, de leur problème. Elle préféra la rassurante compagnie de Nick à la sienne et il ne lui resta d’autre sursis que sentir une vilaine jalousie lui ronger l’âme en le voyant avancer côté à côté en bavardant et riant.

*Franchement, elle devait être autrement pour que je me fasse bouffer par des crocodiles rien que pour ses beaux yeux…*

Enfin, l’histoire allait un peu autrement…mais en 3.880 ans et quelques, on perd un peu les détails…et l’essence de l’esprit…

Isabel avait sauté par-dessus bord pour sauver Jack qu’elle avait malencontreusement poussé dans la mer, mais le problème fut que dés qu’elle toucha l’eau la panique revint, de plus elle ne savait pas nager et ce qu’elle venait de faire était vraiment stupide, car Jack devait revenir vers le bateau tout en essayant de sauver la jeune femme.
Elle venait d’avaler sa deuxième tasse quand enfin le grand blond l’attrapa et la maintint dans ses bras, il n’avait pas l’air très content.

Ça te prend souvent de faire des trucs pareils !?

Euh… Non !!

Isabel ne criait pas, même si l’envie s’en fit sentir, s'accrochant au jeune homme pour ne pas se noyer. Elle le regarda comme s' il n’avait pas compris pourquoi elle avait fait ça, bien qu’elle-même ne le sache pas très bien. Il comptait pour elle, comme si il fallait qu’elle fasse tout pour qu’il ne lui arrive pas un malheur.

Je voulais juste te sauver la vie !!

Je te remercie de vouloir me sauver…mais tu ne sais pas nager, ma belle…à quoi pensais-tu ?...

Oui c’est vrai qu’elle ne savait pas nager et venait de faire une belle bêtise, comme à chaque fois, mais ce qui se passa lui renversa le cœur, Jack venait de poser ses lèvres sur les siennes et elle sentit au fond de son âme quelque chose, un bonheur retrouvé, une immense chaleur envahit son être tout entier lorsqu’ils s’embrassaient, s’était assez bizarre car quand ils se touchaient, ils ressentaient un froid intense, mais là ce n’était pas de tout pareil, elle ne voulait même pas réfléchir, elle voulait juste savourer ce baiser. Elle ne fit aucun mouvement brusque et rendit même le baiser au jeune homme.
Leurs lèvres se séparèrent et ils se regardèrent dans les yeux pendant un instant avant que Jack ne lâche quelques mots.

On devrait rester dans l’eau plus de temps !

Oh oui !!

Mais Nick était déjà de retour avec le bateau et les hissèrent tout deux à bord, Jack laissa son frère s’occuper d’Isabel pour ne pas qu’il la refroidisse encore une fois.
Le beau brun s’en donna à cœur joie de pouvoir s’occuper de la miss, il la frictionna avec une serviette avant de lui parler.

Ça va Isabel ?

Ça va oui, merci…

Pourquoi as-tu sauté ? Tu ne sais pas nager !!! Jack pouvait s’en tirer très bien tout seul.

Je vouais aider Jack et j’ai sauté sur un coup de tête….

Des larmes coulèrent de ses yeux, mais elle ne savait pas vraiment pourquoi et elle se blottit pour étroitement contre Nick qui la consola.

Là, du calme…pas la peine de pleurer.Ah…tu l’as poussé sans faire exprès ?

Elle releva la tête pour le regarder dans les yeux et lui déclara :

Oui, c’était un accident et je crois qu’il m’en veut….

Oui, je sais que tu ne voulais pas le faire…Non, il ne t’en veut pas…

La jeune femme regarda ensuite Jack qui n’avait pas encore bougé et il faisait une drôle de tête, puis elle reporta son attention sur Nick.

Il a l’air d’être fâché….

Ah bon…il est fâché ?...Mais non…allez, calme toi…

Elle pleurait pas parce qu’elle venait de faire une bêtise, c’était juste ses nerfs qui lâchaient. Pour la réconforter Nick lui déposa un tendre baiser sur le front et lui chuchota que tout allait bien se passer, même si elle en doutait fortement.

Jack avait disparu à l’intérieur du bateau et Isabel n’arrêtait pas de penser au baiser qu’ils avaient échangé dans l’eau, chaudement, entre les bras de Nick, elle se demandait ce que cela ferait d’embrasser le beau brun, si elle ressentirait la même chose qu’avec Jack. Apparemment l’heure n’était aux réflexions car ce dernier revint sur le pont et proposa de prendre la barre le temps que les deux autres trouvent de quoi manger un bout.
La traversée se passa sans mal et ils arrivèrent enfin à destination juste après que le soleil se soit couché, il fallait qu’ils trouvent un endroit calme et désert pour amarrer. Une petite crique les vit arriver en zodiac et ils purent enfin poser pieds à terre, la jeune femme était soulagée de pouvoir enfin retrouver un sol dur, car l’eau et elle ça faisait deux…

Safaga n’était pas si loin et ils rejoignirent la ville sans trop d’effort ni de problème. L’adresse donnée par le majordome ne s’avéra pas simple à trouver, mais avec un peu de jugeote, ils ne mirent pas très longtemps à trouver. Un homme les accueillit comme si il s’était agit du messie, Isabel se demanda pourquoi il les regardait de cette façon et la réponse fut assez éloquente, Mahmoud Al Gassim leur raconta une histoire abracadabrante, comme quoi elle et Jack étaient des réincarnations de prêtresse et de prêtre de Égypte ancienne, assez difficile à avaler comme chose, mais ce qui était encore plus bizarre c’est qu’il leur déclara que les deux jeunes gens se portaient un amour inconditionnel, un amour pur et sincère, ils étaient âmes sœur, ça Isabel avait du mal à l’accepter, car Jack ne prêtait pas beaucoup d’attention à la jeune femme. Il y avait quatre autres personnes aussi avec eux; deux couples.

Pour miss Miller c’était une légende que les grands racontaient aux petits pour leur faire peur, mais si elle y réfléchissait bien elle savait que c’était possible, car dans ses rêves elle avait vu des crocodiles et aussi des noms qui revenaient en boucle, Mésyt et Passer….. Nick et Jack parlèrent, mais elle non, elle était encore trop secouée pour dire un mot, en plus elle ne savait pas si elle vivrait assez longtemps pour pouvoir voir si cette histoire était véridique

Juste après son récit, leur hôte leur donna des vêtements pour qu’ils puissent passer inaperçu et une voiture très ancienne afin de rejoindre les "autres" qui les attendaient à Louxor. Vêtue du tchador noir de haut en bas personne ne pouvait la reconnaître, Nick et Jack étaient, quant à eux affublés des habits locaux, le grand brun passait inaperçu, mais le blond un peu bizarre de le voir ainsi, personne ne s’imaginerait un instant qu’il était arabe. Bref quand tous ce petit monde fut prêt, ils grimpèrent en voiture, direction Louxor.
Bien malgré eux, car le véhicule après plusieurs kilomètres se mit à vibrer et à faire un bruit d’enfer, de la fumée s’échappait du capot et Nick dû faire halte. Les deux frères se penchèrent sur le moteur et déclarèrent que leur moyen de locomotion était hors service et qu’il fallait faire le reste du chemin à pieds. Isabel lança un regard noir à Jack et ne voulait pas bouger, bien que l’aventure ne lui faisait pas peur, elle ne se voyait pas marcher dans le désert habillée de la sorte, surtout lorsque la nuit se faisait si froide et que la fatigue s'accumulait.

Désolé de te décevoir, ma belle mais on ne peut pas rester là…Ceux qui en veulent à notre peau n’attendent que ça…On ne va pas leur faire le plaisir de nous laisser cueillir comme des jolies pommes mûres.

Il avait raison et Nick était également d’accord avec son frangin, donc les voilà partis pour un périple assez long.
Les vêtements de la miss l’embêtaient beaucoup et elle se prit les pieds dedans, mais heureusement que Jack était derrière elle pour la rattraper, elle attendit le grand frisson qui n’allait pas tarder à envahir son corps, mais rien ne se passa, elle se demanda bien pourquoi, mais la réponse était assez simple, le contact à travers les habits ne leurs faisait rien, il fallait qu’ils se touchent peau à peau pour ressentir quelque chose, Jack la regarda et lâcha :

Ben…ce sera déjà ça de gagné !

*Oh oui !*

Les deux jeunes gens se regardaient dans les yeux et quelque chose passait entre eux, elle le sentait au plus profond d’elle-même, si Nick n’avait pas parlé à ce moment là, Isabel se serait bien penché vers Jack pour capturer ses lèvres…. Ils reprirent leur marche en se faisant la conversation.

Il doit être la réincarnation d’un bédouin, celui là…

Oui sûrement !! Elle lâcha un grand sourire.

Et parlant de ça…dis…tu y crois, à cette histoire débile ?...

C’est assez difficile à avaler, même si ça à l’air très plausible….

Oui, c’est vrai que je fais ces cauchemars à répétition et puis…ce qui se passe chaque fois que je te touche…et cette sensation de misère totale…

Moi aussi je fais des cauchemars, dans quelques uns je vois des crocodiles arriver sur moi, mais à chaque fois je me noie avant…… Et puis d’autre fois je vois un homme à mon côté qui me sourit, je ne vois que la couleur de ses yeux, un bleu profond….. Comme les tiens…. Je ressens aussi une grande peine quand on se touche, comme si quelque chose manquait à ma vie, un vide immense….

Les rêves de la jeune femme avaient des ressemblances étranges avec ceux de Jack, si elle n’écoutait que son cœur, elle saurait que c’était lui l’homme de son passé, de son présent et de son futur, mais la raison parlait beaucoup trop et les rouages de son cerveaux marchaient à plein régime et elle ignora ce que son cœur lui disait.

J’essaye de me souvenir…parfois, dans mes rêves il me semble deviner un visage, une voix…Je sais son nom…Mésyt…*mais c’est moi, enfin je crois*et en me réveillant je me sens accablé. Ce que nous a dit Al Gassim expliquerait pas mal de choses…mais je crains être trop américain pour croire à une faribole pareille…*je ne vois pas le rapport avec le Pays d’où on vient..*Veux tu me dire que diables veut aller chercher l’esprit d’un prêtre de l’Égypte ancienne à Hawaii ? Et bien je n’en sais rien…En plus…au cours de tant de siècles, on a dû perdre un peu notre essence…je veux dire…qu’on n’est pas obligatoirement les mêmes…

Sans doute…. Je ne sais pas du tout…. Cette histoire est trop compliquée…. Excuse-moi, mais je vais voir ce que fait Nick…

Isabel laissa Jack seul et alla rejoindre son frère qui était devant eux, même si elle voulait rester avec Jack, elle ne voulait pas laisser Nick seul dans son coin, elle aura le temps de réfléchir à tout ceci quand ils seront arrivés à destination et surtout quand ils rencontreraient les autres "élus".

Alors, Nick penses-tu que nous allons arrivés à destination avant le matin ?.... Et puis il faudrait aussi que nous dormions un peu, mais dans le désert, pas simple... Pas que j’ai peur, au contraire, mais les nuits sont froides par ici et je crains que nous soyons frigorifiés avant le lever du soleil…..

Un éclat de rire du jeune homme rassura la jeune demoiselle.

Tu sais que ton frère ne fait pas du tout Arabe vêtu de la sorte, il devrait changer sa couleur de cheveux et d’yeux pour passer inaperçu comme toi….

Ils rirent ensemble en pensant à Jack avec des cheveux foncés et des yeux noirs, cela ne lui irait pas du tout et il n’aurait plus ce charme hypnotique.
Les trois jeunes gens marchèrent pendant au moins trois heures avant que miss Miller demande une halte, elle était fatiguée et avait beaucoup trop mal aux pieds dans ces chaussures , la faim et la soif se faisait ressentir également. D’un comme un accord ils firent un arrêt et s’installèrent comme ils purent sur le sable au clair de lune, après avoir bu et mangé un morceau, Jack laissa Isabel et Nick seul pour aller soulager sa vessie, c’est à ce moment là que la jeune femme ressentit un gêne dans son œil droit.

Nick…. Tu ne veux pas regarder si j'ai quelque chose dans l’œil, je n’arrive pas à l’ouvrir, je crois qu’un grain de sable à dû s’y réfugier….

Pas la peine de le dire deux fois, le jeune homme se pencha très près de la miss et examina son œil, il souffla sur son visage à plusieurs reprises et au bout d’un moment il se pencha encore plus près, elle pouvait voir dans ses yeux, une petite étincelle et quelques secondes plus tard, leurs lèvres se touchèrent, les yeux fermés elle tenta de ressentir quelque chose, de savoir si elle aimait ça.
Ce baiser était très agréable, mais pas autant que celui qu’elle avait échangé avec Jack, elle se pencha aussi un peu plus pour sentir ses lèvres douces appuyer sur les siennes. Ce qui se passa ensuite fut très rapide, la bouche de Nick ne touchait plus celle d’Isabel et elle rouvrit les yeux.
Juste devant elle deux frères se battaient, Jack venait de lancer un coup de poings sur le visage de Nick qui répliqua aussitôt en lui en assénant un dans le ventre, des cris fusèrent, la belle ne comprenait pas ce qui se disait et encore moins ce qui se passait. Pourquoi Jack avait prit son frère par le col et lui tapait dessus ?
La miss n’avait pas le temps de penser à ça, elle devait tout faire pour les séparer, ce n’était pas le moment de perdre l’un d’eux, alors elle se leva d’un bond et se dirigea vers eux.

Arrêtez…. Mais arrêtez de vous battre…

Rien à faire, elle s’époumonait pour rien, les deux frères ne faisait même pas attention à elle, ils étaient trop pris par leur bataille qui allait se terminer par un mort si elle ne trouvait pas un moyen de les arrêter. Une solution vint à son esprit, elle devait toucher Jack pour qu’il ressente un froid intense et cesse de faire du mal à Nick, mais les deux hommes bougeaient tellement que la demoiselle ne pouvait pas trouver un morceau de peau nu, alors elle opta pour une autre manière, elle se baissa et tenta de se mettre entre eux, même si elle se prenait un coup ce ne serait pas très grave.
Isabel marcha à genoux et se retrouva à quelques centimètres des deux frangins, elle posa ses mains sur leurs chevilles et reçu un coup de pieds dans le visage.
Elle se tenait à présent le nez qui saignait, mais elle n’avait pas dit son dernier mot et retenta l’expérience, c’est à ce moment là qu’une douleur aigu lui traversa la jambe, elle cria comme une folle et tomba à la renverse, perdant connaissance.

Quand elle reprit ses esprits, les deux hommes étaient penchés sur elle et elle vit qu’ils étaient bien amochés, l’un avait l’œil gauche enflé et sa lèvre saignait, l’autre n’était pas plus frais, il avait des contusions un peu partout sur le visage et des bleu commençaient à apparaître.
Elle avait mal à la jambe qui était en feu et elle sentait que son nez avait gonflé.

Je crois qu’un scorpion avait envie de sentir de la chair fraîche….. À ça ? C’est coup de pied de l’un d’entre vous….

Les deux frères se confondirent en excuses.

Non, ça va, je vous assure, ce qui me fais le plus mal c’est ma jambe gauche, ça me brûle atrocement…. Pourquoi cette bagarre ?

Aucun des deux ne voulurent répondre à cette questions et firent de leurs mieux pour soigner le nez de la miss et Jack regarda la piqûre sur la jambe d’Isabel, il avait relevé sa longue robe en faisant attention de ne pas la toucher. Jack déclara que c’était bien un scorpion.

Bon alors que faire ??..... Je ne vais pas pouvoir marcher avec cette douleur dans la jambe…. Quoi ? Mais tu es fou, je vais mourir de froid…. Tu as sans doute raison, vas-y, mais fais attention à toi aussi….

Jack avait eu une idée assez brillante, et il fallait essayer, Isabel ne se faisait pas de soucis pour elle, mais pour le jeune homme. Elle prit une grande inspiration et laissa Jack poser sa main sur sa jambe nue, en un instant elle ressentit un froid immense qui se rependit dans tout son corps, il laissa ses doigts errer au moins une bonne minute. Elle vit le visage du jeune homme devenir blanc, elle sentait qu’elle allait bientôt s’évanouir, mais il retira sa main juste à temps, elle avait froid à présent et la douleur s’était atténuée.

Merci beaucoup, je me sens mieux, un peu frigorifiée, mais mieux…. Et toi ça va ? Tu ne vas pas nous faire un malaise ?...

Jack assura que non et les trois jeunes gens reprirent la route, la lune était belle et le froid commençait à se faire ressentir plus ardemment et il fallait trouver un endroit pour dormir un peu.
La nuit était vraiment fraîche et le seul moyen qu’ils avaient trouvé était de se coucher les uns contre les autres, la chaleur humaine ne les refroidirait en rien car ils ne pouvaient pas allumer un bon feu sinon ils se feraient repérer. Isabel s’était allongée entre Nick et Jack qui la serrèrent chacun contre eux.
Elle avait Nick dans son dos et Jack devant, elle avait posé sa tête sur le torse de ce dernier et ferma les yeux, le sommeil tarda à arriver, elle n’arrêtait pas de retourner dans sa tête les évènements de la journée et surtout la bagarre entre les deux frères, pourquoi ?

Nick s’était endormi dans le dos de la miss, du moins c’est ce qu’elle croyait, car il bougea un peu en resserrant ses bras autour de la taille de la jeune femme, Jack lui avait aussi passé ses mains dans le dos d’Isabel qui elle-même avait ses bras autour du corps de ce dernier, un sacré méli-mélo.
Elle entendait le cœur de Jack battre dans sa poitrine et savait qu’il ne dormait pas, alors elle releva la tête et croisa son regard, il était si beau, même avec ses contusions sur le visage, elle aurait bien voulu passer sa main sur ce beau visage, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas, alors elle exprima tout dans ses yeux et il dû la comprendre car il se pencha vers elle et s’arrêta à quelques centimètres de sa bouche, elle n’avait qu’à lever un tout petit peu le visage et leurs lèvres se touchèrent. Isabel mit de côté ses pensées et franchit la distance qui la séparait de la bouche du jeune homme, leurs lèvres se cherchèrent et se trouvèrent dans un baiser passionné qui dura assez longtemps. Les yeux dans les yeux, ils ne parlèrent pas, ils savourèrent juste l’instant.

Isabel s’endormit dans les bras de Jack... quelle belle nuit et quels beaux rêves qui s’annonçaient là…..

Moldu Messages : 77 Gallions : 25692 Date d'inscription : 25/04/2010

Juste ce qui lui manquait. Une balade en plein désert, de nuit, avec une fille indécise et un frère hargneux. Le tout agrémenté par le fait d’avoir aux trousses la police locale, quelques méchants anonymes et une fratrie protectionniste.

Alors…vous vous grouillez, vous deux !!!

Ils étaient restés en arrière et semblaient très pris dans leur petite conversation. Nick se demanda à quel consensus ils arrivaient après les déclarations de Mahmoud Al Gassim, car s’il fallait croire ce que racontait le vieil homme. Dans une autre vie, ces deux là se seraient aimés comme des dingues, tant et si bien que leurs esprits réincarnés s’étaient cherchés au cours des siècles.

*Ça donne n’importe quoi, cette histoire !*

En tout cas là, son frangin n’avait pas l’air du tout épris, ce qui selon ses calculs mettait à l’eau tous les plans de retrouvailles cosmiques…La miss semblait assez soucieuse et devait se poser quelques questions pertinentes, après tout il en allait de sa réincarnation tout de même et le caractère de cochon de Jack risquait de tout ficher en l’air.
Isabel venait vers lui, un petit sourire un peu coincé aux lèvres. Jack, lui, resta là où il était, à tirer la gueule.

Alors, Nick penses-tu que nous allons arriver à destination avant le matin ?

Ma foi, j’aimerais bien t’assurer que oui…si nous marchons toute la nuit, mais je ne pense pas que ce soit possible, nous avons une rude journée derrière nous…On devrait plutôt faire une halte, manger quelque chose et reprendre un peu de forces c’est pas avec le thé de Al Gassim que nous irons bien loin.

La miss avait de la suite dans ses idées.

Et puis il faudrait aussi que nous dormions un peu, mais dans le désert, pas simple...Pas que j’ai peur, au contraire, mais les nuits sont froides par ici et je crains que nous soyons frigorifiés avant le lever du soleil.

Il ne put pas s’empêcher de rire. Les nuits au désert pouvaient être froides mais pas au point de se glacer sur place, en outre il n’avait aucune intention de laisser que pareille chose arrive.

On peut toujours faire un petit feu…et puis, on s’arrangera !

Jack venait vers eux, sans se presser, ennuyé avec les plis de son large vêtement.

Tu sais que ton frère ne fait pas du tout Arabe vêtu de la sorte, il devrait changer sa couleur de cheveux et d’yeux pour passer inaperçu
comme toi…

C’est vrai qu’il est assez minable en arabe…

Il s’imaginait mal son frère autrement que comme il était mais la demoiselle semblait prendre plaisir à le faire. Ma foi, si cela l’amusait et lui faisait oublier leurs problèmes, il n’y voyait pas d’inconvénient.

Ils marchèrent pendant presque trois heures jusqu’à ce qu’Isabel avoue n’en pouvoir plus. Sans faire de commentaires, Jack s’occupa de déballer leurs provisions qui n’étaient pas grand-chose, des biscuits salés et des dattes. Deux gourdes d’eau complétaient leur matériel de survie.

Après le maigre repas, Jack alla faire un tour par là et les laissa gentiment en tête à tête. Ils bavardaient de tout et de rien, comme des bons vieux amis quand soudain Isabel sembla éprouver quelque gêne dans son œil.

Nick…. Tu ne veux pas regarder si j'ai quelque chose dans l’œil, je n’arrive pas à l’ouvrir, je crois qu’un grain de sable à dû s’y réfugier…

Rien de plus normal qu’aller regarder de près…sauf qu’à cette distance moindre on a parfois l’heure de se faire des idées. Isabel était une fille on ne peut plus attractive et ne semblait pas le trouver précisément odieux. Pas besoin de faire un discours, l’ambiance s’y prêtait, à l’embrasser sans trop de préambules.

Agréable sensation. Elle était douce, tendre et adorable…tout allait pour le mieux sous le ciel étoilé quand soudain, on l’empoigna par le collet avec un grondement furieux. C’était Jack, hors de lui, qui le séparait de la jeune femme.

Mais ça va pas, toi…

Ça, c’était une simple question d’opinion. En tout cas, il était sombrement furieux. Sans explications, qui en avait besoin ? , il procéda à le bourrer de coups, ce que Nick n’était pas prêt à permettre. Une bonne bagarre entre frères. La dernière de ce genre remontait à leurs 17 ans et encore là, ils s’étaient rentrés dans le lard à cause d’une fille qui finalement était partie avec un autre.

Arrêtez…. Mais arrêtez de vous battre…

Ils l’entendirent mais cela ne changea rien…en tout cas, ça défoulait. Et puis le cri...un hurlement plutôt, qui leur fit retrouver le bon sens, pour découvrir Isabel, évanouie, un peu plus loin, un mince filet de sang coulant de son nez.

Mais que…Bon sang ! On lui a tapé dessus !, se consterna Nick, passe moi de l'eau…faut la ranimer !

L’autre lui lança la gourde et un regard noir.

Il lui tapota doucement les joues, baigna son visage d’eau fraîche.

Pauvre petite !

Un grognement très opportun fut tout le commentaire qu’il tira de son frère.

Dis donc…C’est grave, hein ? Si tu en pinces autant pour elle, tu n’as qu’à le dire…Pas la peine de jouer les cavernicoles, là…Pas à dire, tu as une sacrée droite…quoique la mienne n’est pas mal non plus !

Sûrement pas, il n’y avait qu’à regarder l’état de Jack. Lèvre fendue et œil poché. Mais déjà la belle semblait revenir à elle. Battant des paupières, Isabel finit par ouvrir les yeux et leur adresser un regard quelque peu hagard.

Hey, toi…ça te prend souvent de nous effrayer comme ça !? Ton nez…euh…ne me dis pas que…

Ah…ça ? C’est coup de pied de l’un d’entre vous…

On est des brutes !, la belle excuse, mais c’est…pas ça qui t’a sonnée…ou oui ?

Non, ça va, je vous assure, ce qui me fais le plus mal c’est ma jambe gauche, ça me brûle atrocement.

Elle voulut quand même savoir pourquoi ils se battaient mais ni l’un ni l’autre était prêt à le lui dire, au lieu de cela préfèrent s’occuper de son petit nez amoché et faut de mieux, de jeter un coup d’œil à sa jambe, ce que fit Jack en relevant, sans gêne sa longue robe. Pendant un instant, il resta là, à observer la piqûre, parce qu’il s’agissait bien d’une, avant d’opiner, doctement que c’était un scorpion, le coupable. Nick se gratta la tête en se demandant d’où son frère sortait tant de science, d’autant qu’il sache, les scorpions, ça n’abondait pas à Hawaii.

Bon alors que faire ?? Je ne vais pas pouvoir marcher avec cette douleur à la jambe…

Avant qu’il puisse émettre un avis quelconque, Jack avait décidé que faire, ce qui ne sembla pas convaincre la demoiselle ni lui non plus, d’ailleurs.

Allons Jack…on sait ce qui se passe quand tu touches Isabel…je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Mais à moins d’avoir une trousse de premiers soins et le médicament approprié, c’était bien la seule chose à faire…

Dès le premier instant où se doigts touchèrent la peau de Miss Miller, Jack pâlit mais serrant les dents, poursuivit sa tâche. Nick ne voyait pas trop bien où il voulait en venir mais l’expression de son frère le retint d’intervenir. Il sembla se concentrer intensément et Nick aurait juré qu’en cet instant, ce n’était pas le Jack de toujours qui était là…allez savoir, peut être l’esprit, qui soi disant l’habitait, avait des connaissances supérieures de comment s’y prendre avec ce genre de pépins…Après un moment qui sembla une éternité, il s’écarta de la jeune femme. Nick craignit de le voir tourner de l’œil.

Merci beaucoup, je me sens mieux, un peu frigorifiée, mais mieux…. Et toi ça va ? Tu ne vas pas nous faire un malaise ?

C’était exactement de cela qu’il en avait l’air.

Ça va, Jack ? Tiens…prends un peu d’eau…

Il fallut un moment pour qu’il parvienne à se reprendre. Inutile penser qu’ils continueraient leur balade cette nuit, dans cet état, Jack ne ferait pas cent mètres. Restait à s’accommoder le mieux possible pour la nuit.

Isabel avait eu raison quant à la fraîcheur des nuits au désert. Manquant de sac de couchages ou même de la plus élémentaire couverture, la seule ressource qui resta fut de jouer aux pingouins. Ces mignonnes petites bêtes connaissaient la méthode infaillible pour ne pas se geler dans leur glaciale Antarctique. Se serrant les uns comme les autres, ils conservent leur chaleur et pas à dire, et tissent des beaux liens communautaires.

Pourquoi la douce miss décida de se mettre entre eux ? Nick n’en sût rien et ne voulut pas poser de questions. Qui sait ? Peut être craignait elle les voir se taper dessus de nouveau et voulait jouer les pacificatrices ? Quoiqu’il en soit, la tenir contre lui n’était pas désagréable du tout. Que Jack décide de s’en mêler fichait un peu la pagaille mais on s’arrangerait…La position était terriblement inconfortable mais malgré tout, Nick finit par s’endormir…

Logiquement, il fut le tout premier à s’éveiller aux premières lueurs de l’aube. Il ne fut presque pas surpris de voir qu’ils dormaient enserrés en étroite étreinte…ou qui sait…peut être ils étaient gelés jusqu’à l’os. Pour si jamais, il secoua son frère.

Tu vis encore ?

Et allait parfaitement bien, ce qui est plus.

Alors, bien dormi, vous deux !?

Pas besoin d’un dessin. Ils étaient très satisfaits de ces heures de repos. Il manquait encore quelques heures pour que le soleil devienne insupportable, il faudrait profiter de ce temps. On grignota deux biscuits et des dattes avant de se remettre en route. À la clarté du jour naissant, le chemin semblait s’allonger à l’infini…ce qui était presque le cas pour eux.

Et puis, au milieu de cette désolation magnifique…Deux hommes apparurent face à eux…surgis du néant. Le trio s’arrêta pile, se regroupant.

Qui êtes vous ? Que voulez vous ?, gronda Nick.

La suite fut étrange, troublante…inespérée, assez désagréable mais définitivement...très effective !

Luxe, confort et air conditionné. Changement radical de décor.

Soyez les bienvenus, mon nom est Rassim Bey !

Ça expliquait tout..enfin…presque, non ?

Sorcier Messages : 83 Gallions : 25699 Date d'inscription : 25/04/2010

On passait vite fait du minable au tragique, là ! Une panne en plein désert ? On ne pouvait rêver mieux pour qui veut assouvir une folle soif d’aventures, ce qui, définitivement n’était pas le cas, là. Eux, ils ne voulaient qu’arriver à Louxor et encore…Dieu seul savait pour y trouver quoi ! Lui, en avait marre d’avance en pressentant que ce ne serait pas une partie de plaisir…Il y aurait peut être quelque pyramide dans le coin, qui sait si un crocodile ou deux…de l’Égypte ancienne en plein…de quoi raffoler de bonheur. Il détestait ce pays ! Il haïssait ces souvenirs étranges…et les histoires biscornues qu’on leur racontait à tout bout portant, lui viraient le foie.

Nick et la miss n’avaient pas l’air bien malheureux, grand bien leur en fasse. Bien sûr, elle rouspéta, pour la forme, on pouvait bien comprendre que se farcir des kilomètres à pied dans cette plage sans fin n’allaient pas la rendre folle de joie. Tant pis, ils étaient tous dans la même galère !

Question de ne pas passer pour un énergumène, endurci, fallait bien faire des efforts de conversation.

Oui, c’est vrai que je fais ces cauchemars à répétition et puis…ce qui se passe chaque fois que je te touche…et cette sensation de misère totale…

Elle pouvait le prendre comme ça lui plairait. Ce qui touchait à la misère avouée n’avait rien à voir avec elle…ou du moins il n’en était pas trop sûr. Déjà le fait de se faire tuer à répétition dans ses rêves et cela de toutes les façons possibles et désagréables, avait de quoi le faire sombrer dans la plus noire des déprimes.

Moi aussi je fais des cauchemars, dans quelques uns je vois des crocodiles arriver sur moi, mais à chaque fois je me noie avant…

*Pratique, même en songes…se noyer…j’aurais pu penser…mais non…*

Et puis d’autre fois je vois un homme à mon côté qui me sourit, je ne vois que la couleur de ses yeux, un bleu profond… Comme les tiens…

Ah bon…, même s’il doutait beaucoup qu’en ces temps là les égyptiens avaient des yeux bleus, mais allez savoir.

Je ressens aussi une grande peine quand on se touche, comme si quelque chose manquait à ma vie, un vide immense…

Il avait fait des aveux ressemblants mais de là à gober cette histoire tordue de réincarnations…à un autre ! Tiens, Nick semblait s’ennuyer tout seul, pauvre âme…voilà qu’il les houspillait.

Sans doute…. Je ne sais pas du tout…. Cette histoire est trop compliquée…. Excuse-moi, mais je vais voir ce que fait Nick…

Comme si le brave gars avait besoin qu’on lui tienne la main pour avancer sur le sable du désert. Il les suivit de loin pendant un moment, en les regardant bavarder. Pas de doute, ils s’entendaient très bien, ces deux là. Ce lui produisait une drôle de sensation mais se jura ne pas se laisser influencer par le roman de Al Rassim…Amants éternels ? Il l’avait sortie d’où, cette fable fleur bleue ? Ce n’était pas son genre croire ce genre de trucs et encore moins s’y prêter comme un idiot. Le romantisme, parfois un mal nécessaire selon les exigences de la cause mais quand même…fallait pas exagérer.

Plus il y pensait et plus Jack trouvait l’histoire débile sur toutes les coutures. On était au XXIème siècle, bon sang ! Qui sait, aux temps des Croisades, il y avait eu des esprits élevés capables de croire une faribole pareille…S’il en croyait à ses rêves, il aurait fait partie de ceux là…mais là…à la réflexion, il pourrait avouer en avoir ras le bol de se faire zigouiller comme un paisible agneau…et toujours pour la même fille !

C’est vrai que là, il faisait un peu gosse enragé mais Nick assurait toujours que ça se devait à ses débuts difficiles dans la vie. Pauvre poussin bien couvé lâché dans le grand monde. Pas à dire, comme mioche, ça n’avait pas été facile jusqu’au jour où ce frère inattendu lui était tombé du ciel…Qui sait ? Peut être qu’il gardait au fond de lui-même quelque complexe ignoré ?
Au bout d’une demi-heure de bouderie concentrée, il opta pour rejoindre les autres, question de leur gâcher un peu la fête. Il se sentait hargneux, même sans trop savoir pourquoi !

Alors, on le presse, le pas ? C’est pas la promenade au parc, ça...allez !

Édifiés sur ses états d’âme, les deux autres pressèrent le pas. Lui, prit les devants sans se soucier s’ils traînaient ou pas. Cela dura près de trois heures. Il s’y attendait à la complainte de la belle. Mal aux pieds, soif, faim, fatigue…quoi plus ? Mais enfin, fallait pas passer pour un monstre. Arrêt-camping, au milieu de rien, sous un ciel étoilé et une délicieuse fraîcheur ambiante qui sous peu serait…du froid. Faire du feu ? Mais bien sûr, pourquoi pas ? Autant lancer des fusées pour signaler qu’ils étaient là !

Oubliez le feu !...Suis pas McGyver !

Que chacun interprète ça comme il voudrait. La tambouille valait le déplacement. Biscuit et dattes. De quoi rassasier leur faim. Al Gassim avait une idée restreinte de la survie en plein désert, brave homme.

Vu que Nick et la demoiselle semblaient très pris dans leur conversation, il opta pour disparaître un moment sauf que sans s’attendre à ce qu’il trouva à son retour. La belle scène. Son cher frère embrassait miss Miller avec un enthousiasme délirant…pourquoi vit il rouge ? Instinct ? Vieux souvenirs ? La chose est qu’il fonça sur le couple, arracha Nick aux bras de la belle et s’appliqua à lui donner la raclée de sa vie. Logiquement, frangin n’entendait pas se laisser massacrer sans rien dire. Et Nick n’était pas précisément de ceux qui ne rendent pas le coup. Ils se tapèrent dessus en toute gaîté de cœur même si à moment donné le brun demanda des explications…pour toute réponse il se prit un gnon plein l’œil qui ne lui laissa aucun doute sur la fureur de l’adversaire.

Cela faisait bien longtemps que Nick et Jack ne s’étaient pas battus. Ça leur prenait parfois, lors de leur adolescence, toujours à cause d’une fille…mais là, Jack n’avait aucune explication rationnelle…ni la cherchait, d’ailleurs.

En tout cas, cette chère Isabel avait subi de leur rencontre de machos obnubilés. La pauvre saignait du nez et était dans les vapes. Jack laissa que son frère s’occupe de la belle et compatisse de l’avoir mise dans cet état.

Elle est quitte pour un bon bleu…

Il frôlait l’aigre et s’en fichait.

Dis donc…C’est grave, hein ? Si tu en pinces autant pour elle, tu n’as qu’à le dire…Pas la peine de jouer les cavernicoles, là…Pas à dire, tu as une sacrée droite…quoique la mienne n’est pas mal non plus !

Un bon petit grognement devrait faire l’affaire, il ne se sentait pas d’esprit pour plus.

En tout cas, la demoiselle reprenait ses esprits en beauté. Non, la douce âme ne leur en voulait pas de l’avoir mis groggy…et encore, ce n’était pas tout à fait leur faute si elle était out, à vrai dire, elle avoua que quelque chose l’avait piquée.

Non, ça va, je vous assure, ce qui me fais le plus mal c’est ma jambe gauche, ça me brûle atrocement.

La jambe. Génial, enfouie sous une tonne de tissu sombre, il devait s’agir d’une bestiole très entreprenante. Vu qu’il n’y avait rien d’autre à faire qu’à s’en assurer personnellement, Jack soupira et se mit en devoir de laisser l’extrémité blessée à découvert. Une tâche à laquelle il prenait normalement un grand plaisir mais là, il fallait se concentrer pour ne pas frôler la peau de la belle. Il n’eut pas à aller bien loin…en plein mollet une tuméfaction révélatrice donnait foi du mal subi…L’inflammation était évidente. Ce n’était pas une piqûre de serpent, ni d’araignée, deux espèces qui, selon ce qu’il savait, abondaient dans le coin, restait le scorpion. L’animal devait s’être accroché à l’ample jupe et agacé par le va et vient, n’avait pas hésité à se venger…

Jack savait que pour traiter cela il fallait un bon antiallergique. Le Benadryl était à conseiller mais là, rien de semblable. La souffrance ne ferait que croître et il pouvait arriver que la victime réagisse mal et même qu’elle en meure…

La toucher équivaudrait à la déjà bien connue sensation de froid…au malaise conséquent mais quelque chose le poussa à ignorer tout cela…Il savait qu’en la touchant, il la soulagerait du poison…Comment? Pourquoi ?...Il n’aurait su le dire.

Je sais que cela ne va pas te plaire, mais c’est la seule façon de t’aider…sinon, tu vas passer un fameux mauvais quart d’heure !

Quoi ? Mais tu es fou, je vais mourir de froid…

Si tu préfères le poison du scorpion…vas y …pas de souci pour moi ! Idiote !

Elle le considère un instant, un peu vexée d’être traitée si gentiment mais finit quand même par dire, presque avec douceur :

Tu as sans doute raison, vas-y, mais fais attention à toi aussi…

Étrange sensation. Oui, le froid ne fut pas absent au rendez vous mais son effet ne fut pas si marquant. Une force inconnue se générait en lui…et il se sentait la transmettre du bout de ses doigts…Elle allait mieux…lui, il avait l’impression de se vider peu à peu…

Merci beaucoup, je me sens mieux, un peu frigorifiée, mais mieux…. Et toi ça va ? Tu ne vas pas nous faire un malaise ?

Un malaise? Mais non voyons. Il allait se rouler en boule un peu plus loin et essayer de survivre, sans poser de problèmes à son prochain. Mais pourquoi était il si amer?…en plus de se sentir comme un chien battu ? Il ne comprenait plus rien. La seule idée qui le taraudait était celle de rentrer chez lui, oublier cette histoire débile…

Ça va, Jack ? Tiens…prends un peu d’eau…

Il vida la moitié de la gourde. En plus du froid sournois, la tête lui éclatait.

Vais…m’allonger un peu...faites pas attention à moi…ça va aller !

Il le fit et cela lui apporta un peu de soulagement. Le sable était tiède, c’était presque réconfortant.

Nick décida qu’ils n’iraient pas plus loin avant quelques heures, il l’en remercia tacitement, incapable de songer à mettre un pied devant l’autre. Le froid de la nuit mena aux autres à prendre des solutions radicales. Isabel étant le maillon le plus faible de leur chaîne à trois, leur devoir d’hommes civilisés était de la protéger. Sans avoir trop ni quand ni comment, Jack se retrouva avec la belle pratiquement dans les bras. Pas de quoi trop se plaindre, c’était même une très agréable sensation de chaleur humaine qui le réconfortait grandement. Béni soit le tchador qui ne laissait pas un pouce de peau à découvert. C’était si bête, avoir un si joli morceau de fille si près et ne pas pouvoir lui frôler tant soit la joue…

Nick n’entendait pas trop de lâcher sa part de la belle. Il la serrait contre lui comme si elle lui appartenait. Pourquoi décida t’il de s’en mêler ? Allez savoir ! En tout cas passer son bras à sa taille et l’attirer plus étroitement contre lui procura une merveilleuse satisfaction. Égoïsme enfantin ? Certainement. Sans trop s’en vexer, Nick commença à ronfler doucement. Lui, du coup, n’avait pas sommeil…et elle non plus.

Tu devrais essayer de te reposer…demain, on l’aura pas facile !

À quoi bon essayer de se montrer sensé quand une fille vous regarde de la sorte ? Alors que les fichues étoiles brillent de leur mieux au firmament ?
Pourquoi le regardait elle ainsi ? Que voulait elle de lui, à la fin ?

Je…ne suis pas celui que tu attends…Il doit...avoir une erreur quelque part…je ne…

À quoi bon essayer de raisonner ? Contre toute attente et probabilité, elle s’arrangeait pour l'embrasser…et curieusement il ne sentit aucun curant glacial le parcourir…bien au contraire, ce fut une délicieuse sensation de bienfaisante chaleur qui l’envahit. Combien de temps dura cet échange chaleureux, pas prévu au programme ? Il n’en sut rien, se limitant à en jouir de chaque seconde.

Ce fut Nick qui le réveilla, en le secouant, le bon samaritain.

Tu vis encore ?

Ai-je l’air d’être mort!?

À moins d’être un cadavre grognon…

Reprendre la marche, pas de quoi réjouir tout le monde…mais ils ne pouvaient rien faire d’autre.
Après un minable petit déjeuner de dattes et biscuits, sans une goutte de café, ce qui était parti pour le mettre de mauvais poil. Il oublia vite fait les doux échanges de la nuit et quand ils se remirent en route il avait repris son petit air borné…

Pas pour longtemps ! Ils n’avaient avancé que quelques kilomètres . Ca commençait à chauffer doucement. Il leur fallut s'abriter, impossible d'avancer sous la chaleur. Quelques rochers, la robe d'Isabel transformée en auvent, Ils s'accommodèrent comme ils purent. La marche reprit en fin d'après-midi. Soif et faim les tenaillaient, quand au milieu de tout ce désert sans fin, comme un mirage…deux hommes se matérialisèrent, impossible de décrire autrement cette apparition soudaine, devant leurs yeux.

Nick qui marchait en tête pila net. Jack qui traînait juste derrière lui, faillit lui rentrer dedans. Depuis un moment, il ne se sentait pas trop gaillard, sa tête lui faisait mal, le côté lui cuisait méchamment…de là à avoir des hallucinations…

*Emath ?*

Trop. Il ne sût pas grand-chose de la suite. Le cri d’Isabel, Nick qui le retenait…

En relevant une paupière (l’autre était gonflée, merci le coup de poing de Nick), Jack parvint, après un moment à fixer la vue sur le décor et l’assistance…enfin, une chose à la fois…Isabel se penchait sur lui, angoissée. Frangin aussi, avait l’air passablement défait…et puis…

Comment vous sentez vous, Jack ?

Pas la moindre idée…Où diables…

Vous êtes en sûreté…chez moi, Rassim Bey, le gardien du secret…

Pourquoi se sentait il si mal ? Il voulut se relever mais on le repoussa sur les coussins où il reposait.

Tu…veilles toujours, Djar…encore…une fois tu…nous ramènes à bon…port…

Tout se confondait en un tourbillon affolant de faits…un kaléidoscope dément …Jack eu la sensation d’être attiré vers un gouffre sombre…Une main retenait la sienne, l’empêchant de s’éloigner.

Je veux…rentrer chez moi !, souffla t’il en un dernier sursaut de conscience.

Tu es chez toi, Paser…tu es de retour chez toi !

Ce n’était pas ce qu’il voulait entendre…mais le malaise eut le dessus et il sombra…